Les Chroniques de l'Imaginaire

Kill list - Forsyth, Frederick

Le cyberjihadisme est une manière simple et sûre d'atteindre un large public à moindre coût. Le Prédicateur opère caché sous la toile. Il échauffe la haine de l'Occident parmi ses disciples résidant à travers le monde. Ses sermons, en anglais parfait, poussent au meurtre même les musulmans les mieux intégrés dans nos pays.

A chaque fois, un personnage public sans protection est abattu. A chaque fois, la police retrouve dans les affaires du terroriste un ordinateur rempli de vidéos du Prédicateur. A chaque fois, les proches témoignent d'un brusque changement de vie, une radicalisation extrême et brutale, de leur ami.

Le Prédicateur doit être neutralisé. Washington le place en haut de sa kill list - la courte liste des ennemis les plus redoutables des États-Unis - et donne carte blanche au Traqueur, un officier expert dans l'élimination de terroristes.

La chasse est ouverte.

Ce dernier bouquin de Frederick Forsyth démarre de façon surprenante. L'auteur britannique commence son récit en présentant les différentes parties prenantes (le Traqueur, le Prédicateur et leurs familles) comme s'il nous sortait de sa poche ses fiches de travail pour la création des personnages de ce roman. Cette méthode, simple et directe, permet au lecteur d'avoir immédiatement une vue exhaustive des motifs et des origines de chacun. Le texte est (heureusement) continu et fluide. Il est également une mine d'informations pour comprendre la suite du roman et cela nous démontre, une fois de plus, que Forsyth maîtrise son sujet, l'histoire militaire, l'espionnage et la géopolitique passée et actuelle.

Mais, narrativement, cette solution manque de panache et rend le reste du texte un peu creux. 

Une fois cette première partie terminée, l'histoire débute réellement. On se retrouve alors en terrain connu, on entre dans l'action. La plume coulante de Forsyth est reconnaissable entre mille. Le thriller avance vite, nous fait voyager et nous propulse, sans effort, au cœur de son ambiance réaliste, vivante mais pas forcément heureuse.

On regrettera, néanmoins, quelques baisses de rythme sur le dernier tiers et un style, malgré tout, trop plat ou pas assez impliqué de la part de Forsyth.

L'ensemble donne en résultat un livre relativement prenant, vite et agréablement lu, qui par son atmosphère et ses personnages m'a fait penser à plusieurs épisodes de la série NCIS. Toutefois, on est loin du coup d'éclat qu'a été Chacal paru en 1971.