Les Chroniques de l'Imaginaire

Le jeu de la tentation (Kinnections - 1) - Probst, Jennifer

Associée de l'agence matrimoniale Kinnections, Kate Seymour possède un don singulier lui permettant de repérer deux âmes sœurs. Malheureusement, ce don lui joue des tours et ses rendez-vous galants se terminent souvent en désastre lorsqu'elle réalise que l'homme en face à d'elle est destiné à la serveuse ou au commis… À presque trente ans, Kate est toujours vierge et désespère de trouver chaussure à son pied. Après un rendez-vous particulièrement atroce, elle se promet de ne plus chercher d'homme avant un certain temps. Elle n'est pas au bout de ses peines lorsqu'un avocat spécialisé en divorce et furieux entre à Kinnections en demandant à parler à une responsable. 

Après avoir perdu ses parents dans un accident, Slade Montgomery a dû prendre soin de sa petite sœur, Jane. Accaparé par ses études en droit, il n'a pas réalisé que sa femme le trompait tandis que sa sœur enchaînait les relations médiocres jusqu'à tenter de se suicider. Depuis spécialisé dans les divorces, son sang ne fait qu'un tour lorsqu'il apprend que Jane prend un appartement seule, change d'emploi et surtout vient de s'inscrire à une agence matrimoniale : Kinnections. Il est certain que cette agence est une arnaque conçue pour plumer les célibataires malheureux et entend bien le démontrer, d'autant plus qu'il est persuadé que l'amour n'est qu'une réaction hormonale et pas un vrai sentiment.

Le jeu de la tentation est le première volume de la série Kinnections, dont plusieurs tomes ont déjà été publiés chez J'ai lu, et dont chaque ouvrage se concentre pour le moment sur une des femmes d'un même groupe d'amis. 

Je suis sortie de ma lecture mitigée. Je vais donc commencer par ce qui est pour moi le seul vrai et gros point négatif de l'ouvrage et quelque chose qui m'a vraiment fait me sentir mal à l'aise à la lecture, ce qui n'est jamais très agréable : la question du consentement lors des scènes de sexe. Cet ouvrage en comporte plusieurs, adoptant majoritairement le point de vue de Kate. La narration nous permet de savoir que Kate désire effectivement ces relations sexuelles. Malheureusement, son partenaire n'étant pas dans sa tête comme le lecteur, il devrait normalement déduire l'inverse à partir des lignes de dialogues (« non » répétés) et de son langage corporel ambigu (avances puis tentatives de rejet, d'évitement). Même en sachant que Kate souhaitait ces relations, elle disait le contraire à l'homme et celui-ci ne lui demandait même pas confirmation mais débitait plutôt du discours un peu macho sur les bords du style « Tu seras mienne. ». Alors oui, le côté dominateur, pourquoi pas… mais avec consentement, c'est la base, non ? 

A notre époque, cela me paraît évident et je pense que Jennifer Probst devrait y être vigilante dans ses romans, d'autant plus au vu de sa spécialisation dans les romances. Un simple « oui » quelque part à chaque scène de ce genre suffirait.

Si l'on fait abstraction de ce point noir, le reste de la lecture de ce livre est très agréable. Jennifer Probst a un don pour décrire ses personnages et les rendre vivants. Le groupe d'amies de Kate est crédible et sympathique. On sent bien que chaque amie a le potentiel pour avoir son propre ouvrage : chacune dispose d'un tempérament bien distinct, de problèmes personnels, de conseils différents à donner sur l'amour. Les autres personnages secondaires partagent cette profondeur, cette attention portée à la construction d'un passé personnel. De Jane, la sœur de Slade, à Robert, le chien handicapé, tous présentent un intérêt. J'ai particulièrement apprécié le personnage de Madeline, la mère de Kate, sexothérapeute et hippie, qui apporte une touche d'humour bienvenue au récit.

Cet ouvrage véhicule également un beau message : celui qu'une personne souffrant de handicap ou ayant traversé des difficultés dans sa vie n'est pas pour autant « à jeter » et qu'elle a aussi le droit à l'affection.