Les Chroniques de l'Imaginaire

Nuées noires, voile blanc (Azimut - 4) - Lupano, Wilfrid & Andreae, Jean-Baptiste

La situation est tendue pour Manie Ganza et les saugres qui l'accompagnent. Manie, avec son éclatante beauté, est encore une fois promise à un mariage. Elle va rejoindre le harem, déjà plus que fourni, de Baba Musiir, le maître incontesté du désert. Une situation sans doute peu enviable, mais jusqu'à présent Manie Ganza ne s'en inquiétait guerre. Elle sait que l'arracheur de temps, d'une jalousie maladive, va ôter les années de jeunesse à Baba Musiir dès que celui-ci dormira. Mais c'est avec stupeur que Manie Ganza apprend que Baba Musiir ne dort jamais, grâce aux antidattes d'un mythique palmier antidattier...

Heureusement, les choses vont tourner très différemment, et ce le jour même du mariage. Eugène et le major Oreste font leur apparition en public et parviennent à kidnapper Manie Ganza. Mais ils sont bien vite rattrapés par Baba Musiir en personne. Et le maître du désert n'a pas l'intention de faire preuve de pitié avec les deux prisonniers qui ont osé le défier...

Mais Baba Musiir et les siens ne se doutent pas que les nuées noires sont sur le point d'être libérées, dans le désert, et ce par l'action de la propre mère de Manie Ganza. Une femme acariâtre, jalouse de la beauté de sa fille, et qui cherche par tous les moyens à éliminer cette dernière. Le chaos est déclenché et il est maintenant l'heure, pour Manie Ganza et ses compagnons, de fuir cette ville attaquée de toutes parts. L'occasion est belle de voir Manie Ganza avouer son amour pour Eugène. Un amour qu'elle a toujours voulu dissimuler, de peur qu'Eugène ne soit la cible de l'arracheur de temps...

Et puis, il y a ce lapin, le Pôle Nord, touché par le désespoir devant la déesse des sables, transformée pour l'heure en cristal. Un désespoir qui aura pour effet de changer fondamentalement le décor environnant...

C'est bien simple, ce quatrième tome de la série Azimut est un véritable régal, pour les yeux et pour le scénario, dans la droite lignée de ce qu'on a pu découvrir avec les trois premiers tomes. Jean-Baptiste Andreae fait éclater son talent sur chaque planche, chaque case : les détails fourmillent, les couleurs sont chatoyantes et les relectures seront franchement indispensables, ne serait-ce que pour remarquer un visage, une expression, un personnage secondaire, qui nous auraient échappé à la première lecture.

Les cadrages, tout cinématographiques, sont osés, les personnages sont attachants au possible : de quoi rappeler le travail de Turf sur La nef des fous, dont cette série est une cousine franchement proche.

C'est aussi le côté décalé et déjanté, comme pour La nef des fous, qui fait la beauté de cette série : les nouvelles idées de Wilfrid Lupano sont légion, et il suffit encore une fois de découvrir les textes qui accompagnent le bestiaire en début d'album pour s'en convaincre. Un album fou, déjanté, diablement intelligent, drôle et exquis de bout en bout : on ne peut qu'en redemander !