Jude est un travailleur du sexe, qui officie dans une boîte chaude du côté de Broadway. Hommes et femmes s'agglutinent par dizaines, chaque soir, pour assister à une séance de sexe live avec sa partenaire, la plantureuse Ona. Ce soir, pas d'exception à la règle, avec un show d'une grande efficacité, réglé au millimètre. Mais ce soir, Jude reçoit la visite d'une étrange femme, qui vient lui proposer de travailler pour le cinéma...
Jude pense immédiatement deviner pour quel genre de film on vient le chercher, et la jeune femme lui apprend qu'il s'agit bien de cinéma. Pas un rôle principal, mais pas de la figuration non plus. De quoi permettre à Jude de faire autre chose que de travailler avec son magnifique corps. Il s'agit ici de travailler pour L'Invisible Art Production, mais avant cela, il y a encore des preuves à faire...
Mais Jude sera également perturbé par sa rencontre avec Sina Songh, la fille unique de Hue Songh, un homme très influent de la mafia asiatique locale. Un homme très riche qui ne refuse rien à sa fille. Et Sina vient de jeter son dévolu sur Jude. Elle en fait son nouveau jouet sans que le jeune homme ne puisse vraiment refuser, et même s'il sait que Sina Songh a la fâcheuse tendance de casser ses jouets lorsque ces derniers ne l'amusent plus...
Pour autant, cela n'empêche pas Jude de rencontrer les personnes associées à L'Invisible Art Production, à commencer par un certain Pakap Salem, borgne de son état, et à qui il parvient à faire une bonne première impression. A présent, c'est à une fille presque intégralement tatouée nommée The Strange que Jude aura affaire. Une fille au corps magnifique, mais qui pourrait bien susciter encore un peu plus la jalousie chez Sina Songh...
Jean Dufaux (que l'on ne présente plus) et Guillem March (Catwoman, Monika) signent ici ensemble un premier album graphiquement magnifique, qui n'aura rien à envier à une série comme Monika, de Barboni et March, chez Dupuis, qui fleure bon l'érotisme également. Les planches réalisées par Guillem March sont magnifiques, et pas uniquement au niveau des corps, féminins ou masculins, qui hantent ces planches.
Les découpages, les prises de vue presque cinématographiques, les décors, les robes, les tatouages : tout est parfaitement réalisé, mis en valeur avec des couleurs spectaculaires, et des jeux d'ombre et de lumière qui ont nécessité des heures de travail.
Le scénario de Jean Dufaux est lui aussi complètement convaincant : on se retrouve à suivre ce travailleur du sexe, à s'attacher même à lui, à se questionner en même temps que lui sur ce qui lui arrive. L'ensemble est assez hollywoodien, et est parfaitement amené par Jean Dufaux, fortement aidé par la partie graphique. Chaque personnage est convaincant, stylé, charismatique, que ce soit Jude en personne, un personnage qui pourrait sortir des crayons de Marini, ou un personnage secondaire comme Hue Songh, vieillard lubrique parfaitement maîtrisé de bout en bout.
Ce premier tome de The dream est une vraie belle réussite, autant côté graphique que sur le scénario. Il dégage un parfum de sensualité parfaitement amené, sans jamais tomber dans le vulgaire : vivement la suite !