Les Chroniques de l'Imaginaire

Ma mère, la honte - Ben Kemoun, Hubert

Mélanie Rotten, treize ans, est une adolescente ordinaire, heureuse de retrouver son petit ami Timothée avant le collège et de bavarder avec sa meilleure amie Tamimount durant les cours. Sa mère, la séduisante Fabienne, lutte pour joindre les deux bouts après son divorce. La journée, elle étudie pour passer le concours de secrétaire administrative et la nuit, elle fait le ménage dans le musée local d'art contemporain. 

Une nuit, alors qu'elle remplace une collègue absente dans une nouvelle aile, un drame survient. Fabienne endommage une œuvre de Théo Burniz constituée de détritus qu'elle prend pour de vrais déchets. Les journalistes sont sur le coup, le directeur du musée remonté, les réseaux sociaux s'enflamment… Bientôt, la honte submerge Fabienne. Mélanie va devoir trouver un moyen de tenir bon pour elles deux.

Le titre, Ma mère, la honte, m'avait suggéré le récit d'une adolescente ayant honte de sa mère. En réalité, la honte vient de l'extérieur, du monde prêt à s'acharner sur quelqu'un pour tout ou rien, en l'occurrence sur Fabienne, ramenée à une femme de ménage supposément ignare et inculte et à Mélanie, coupable d'être sa fille et qui se voit même reprocher son prénom, anagramme de laminé. 

Suite à « l'erreur » de sa mère, Mélanie apprend donc à voir le monde avec un autre regard. Elle comprend que ceux qui se prétendent des amis ne le sont pas toujours et que des êtres chers sont prompts à se détourner et à fuir en cas de problème. La narration suit le point de vue de la jeune fille et sa progression alors que son petit monde s'écroule. Et il va sans dire que la pauvre Mélanie n'est pas au bout de ses peines, mais elle fait montre d'une ténacité et d'une loyauté envers sa mère admirables. Le style est familier, pour refléter le vocabulaire de la jeune fille, et agréable à lire. Alors que je ne suis pas le public cible, j'ai apprécié mon voyage aux côtés de Mélanie. 

La maison d'édition recommande cet ouvrage dès treize ans, soit l'âge de Mélanie, mais je pense qu'on peut même le lire un peu plus jeune sans grandes difficultés, à partir du moment où on commence à ressentir des préoccupations adolescentes.