Les Chroniques de l'Imaginaire

Le réveil de la Rédemptrice (Tenebris - 2) - Rudden, Dave

Denizen, 13 ans, vient de connaître des mois plus que mouvementés. Orphelin, il s'est découvert une mère, membre prestigieux de l'ordre des Chevaliers de la Contre-Ombre, et un père assassiné par des Ténébreux, les créatures venues d'un autre monde contre lesquelles luttent les Chevaliers. Denizen est appelé lui aussi à devenir un Chevalier car il lui est possible de manier des Incantations ayant le pouvoir de repousser les Ténébreux.

Afin de sauver ses amis, il a délivré Clémence, la fille du roi des Ténébreux, des monstres la tenant en otage. En échange, elle lui a accordé le pouvoir de manier toutes les Incantations possibles, même les plus ardues. Ce pouvoir, Denizen s'en serait bien passé, car il a maintenant grand-peine à maîtriser le feu qui couve en lui et à ne pas user des Incantations à tort et à travers. Il doit de plus cacher ce don dangereux aux autres Chevaliers et en particulier au dirigeant de l'ordre, le Palatin Greaves, un rival de longue date de la mère de Denizen. 

Les choses se compliquent encore pour l'adolescent quand le Palatin le convoque pour participer à une conférence de paix initiée par Clémence, en remerciement de l'aide apportée par Denizen, et que des humains étrangers à l'ordre mais maniant des Incantations redoutables s'immiscent dans les pourparlers.

Ce second tome de la série Tenebris est un peu plus sombre que le précédent. L'humour est un peu moins présent dans le récit et les interactions de Denizen avec les personnages secondaires moins nombreuses. Ses amis Simon et Abigail sont à nouveau de la partie, bien sûr, mais demeurent à l'arrière-plan de l'histoire qui se centre véritablement sur Denizen et, par chapitres interposés, sur Uriel, un jeune garçon maîtrisant les incantations sans appartenir à l'ordre. Si ce changement de tonalité déroute au départ, on se laisse vite happer par les événements, d'autant plus que les chapitres consacrés à Uriel suscitent leur lot d'interrogations. 

Au-delà de la lutte contre les Ténébreux, le sujet de ce tome semble être l'émancipation, la quête de soi et les relations familiales. Denizen et Uriel doivent tous deux faire face à des responsabilités importantes et à des situations familiales pour le moins tendues et il est agréable de les voir progresser sur ces questions au fil du tome. Dans une certaine mesure, certains des personnages secondaires comme Clémence ou Simon sont exposés aux mêmes enjeux, bien que l'emphase ne soit pas mise sur leur histoire.

Dave Rudden développe donc la psychologie de ses personnages mais n'en délaisse pas moins les scènes d'action, bien menées, et plus généralement le suspense sur le sort de nos héros. On en apprend également plus sur le monde de Tenebris et sur les origines de l'ordre, qui ne sont pas tout à fait celles qu'on aurait pu penser. Dave Rudden emprunte, comme dans le premier tome, des sentiers battus de la littérature imaginaire mais sait trouver des astuces pour s'en démarquer et conférer une réelle saveur à ses propres histoires.