Les Chroniques de l'Imaginaire

Troupe 52 - Cutter, Nick

Le chef scout Tim Riggs se réjouit des quelques jours qui l'attendent. Enfin un peu de stress en moins, pour celui qui est le seul médecin de la petite ville voisine. Comme tous les ans, Tim va passer le week-end sur une petite île où la nature a encore ses droits : Falstaff Island. Et comme chaque année, il est accompagné de scouts, cinq jeunes garçons autour de quatorze ans en l'occurrence. Des garçons différents, plus ou moins copains, comme il en existe dans toutes les cours de récréation.

Mais alors que le séjour démarre et que le mauvais temps menace, un homme va perturber la tranquillité des lieux. Un homme d'une minceur hallucinante, émacié à l'extrême, et souffrant d'une faim incroyablement dévorante. Un homme qui arrive par bateau, et que Tim accueille sous son toit, tentant de le soigner. Mais cet état, aussi blâfard, n'est pas sans éveiller les alertes auprès des jeunes garçons, Max, Newt, Ephraïm, Shelley et Kent. Ces derniers ont bien du mal à dormir, et l'odeur douceâtre qui se dégage de cet étranger malade n'est pas étrangère à cela...

Le lendemain, la scène à laquelle assistent les scouts est indicible. L'homme se délite littéralement, et d'immenses vers sortent de son corps, pour mourir presque immédiatement. Des vers immenses, mais également des vers bien plus petits, et extrêmement nombreux. Des vers qui étaient responsables d'une faim dévorante qui n'avait aucune chance de calmer autant de parasites. Ces derniers n'ont eu d'autres choix que de dévorer leur hôte de l'intérieur, afin de trouver un nouvel hôte où le terrible cycle reprendra.

La chasse à l'homme est ouverte, et elle commence avec Tim Riggs. L'homme a passé beaucoup de temps en compagnie de l'étranger et de ses vers. Il ne tarde pas, lui aussi, à être tenaillé par une faim dévorante, alors que d'étranges circonvolutions sont visibles au niveau de son ventre. Les cinq scouts seront bientôt livrés à eux-mêmes, dans un huis-clos indescriptible, d'autant que la tempête arrive, et que d'étranges bateaux militaires semblent interdire toute relation avec le continent...

Nick Cutter va prendre un malin plaisir à jouer avec nos nerfs avec ce terrible roman horrifique. Il vous sera impossible de voir un ver solitaire comme avant après cette lecture ! Nick Cutter travaille ainsi sur nos peurs, en prenant un soin tout particulier à développer la personnalité et les relations entre les cinq garçons livrés à eux-mêmes. De quoi s'interroger, dans le bon sens du terme, sur les relations entre les gamins entre eux, un peu finalement à la manière d'un livre comme Sa majesté des mouches, l'horreur en plus, et toujours en huis clos, sans adulte...

Le livre se lit très rapidement, tant il est prenant, et tant les chapitres sont découpés. On trouve un système narratif ingénieux, où des morceaux d'interviews des inventeurs de ces vers ont lieu, devant des juges, à une date qui semble bien ultérieure aux événements qui se déroulent sur cette île. Des documents qui glacent le sang, notamment sur des expériences avec ces vers sur des animaux. Des expériences qui glacent le sang, et qui ont un parallèle évident avec ce qui se déroule sur Falstaff Island.

Le système narratif en question a fait ses preuves dans le Carrie de Stephen King, un système complètement emprunté, de façon assumée par l'auteur, et qui est, il faut bien le dire, d'une redoutable efficacité. Cela fait longtemps que je n'avais pas lu un roman horrifique : je dois bien reconnaître que celui-ci m'a fait passer un excellent moment de lecture sur fond de complot biologique et d'arme de destruction massive !