Les Chroniques de l'Imaginaire

La contre-nature des choses - Burgess, Tony

L'Événement a eu lieu ! Celui qui était tant attendu par les geeks, les survivalistes et les dingos des armes. L'apocalypse zombie est arrivée ! Bon, les filles n'ont pas été sauvées par de gentils scouts. Les économies mondiales se sont cassées la gueule avant qu'on ne découvre que ces morts sans repos n'ont rien d'agressif (pourquoi après et pas avant ? on ne pose pas de question !).

Ils sont. C'est tout. Et ils sont vite devenus un autre gros problème : Que faire de ces cadavres un peu vivants ? Les brûler dans des fours géants ? Mal vu. Les enterrer ? Ils remontent à la surface. Les noyer dans les grandes fosses du Pacifique ? Ils surnagent.

Alors, les cadavres ont été envoyés dans l'espace et vaporisés en orbite. 

L'atmosphère est, depuis lors, enrobée d'un couche dégoulinante de particules mortes. La lumière ne passe plus. La flore meurt. L'humanité crève de maladies à petit feu.

Parmi ces presque morts-vivants, nous allons suivre le narrateur, un anonyme qui doit enlever un gamin pour accomplir sa mission. Face à lui, il y a son ancien collègue Dixon. Dixon a saisi l'opportunité de ce nouveau monde et compris son charme. Dixon est un artiste, un pornographe nécrophile, un marchand de cadavres, un gourou. Lui aussi a une mission pour notre narrateur.

Tony Burgess est un auteur canadien un peu fêlé. Sa Contre-nature des choses m'a franchement surpris. Je m'attendais à un roman d'aventure ou d'horreur post-apo sans crédibilité, un peu pleurnichard et rempli d'auto-apitoiement comme ils le sont presque tous. Non. Burgess a écrit autre chose. Ne cherchez quand même pas la crédibilité, faut pas exagérer.

Ce bouquin sort des cases habituelles - il flotte plutôt en orbite. On y suit ce narrateur qui tente d'accomplir son job (lequel ? ce n'est pas important) tout en survivant à ses cancers (des nouveaux chaque jour). Son antagoniste, le fameux Dixon, boxe dans une autre division, il est du genre à faire pleurer un démon après sa maman. Burgess pose le duel dans un climat de fin du monde, nihiliste, sophistiqué, glauque, lugubre, effroyable, répugnant et complètement détraqué.

Il y a du sexe, du sang, des viscères et de la maladie gluante et visqueuse. L'écrivain amène son texte avec un style salement accrocheur, haché et percutant. Cet ouvrage est curieux. Crade aussi. Vous savez tous que la curiosité a tué le chat. Dans La contre-nature des choses, le chat, c'est vous, lecteur !

Accrochez-vous à vos tripes et tentez cette expérience littéraire extrême. Ou gardez-vous d'en approcher si ce n'est pas votre truc car son contenu est choquant et coûte très cher pour un livre de poche.