Où passe l'aiguille, roman de Véronique Mougin, évoque deux thèmes principaux qui sont la déportation et la haute couture... On se demande comment ils sont liés, et bien tout simplement par le récit de la vie de son cousin, déporté.
Ainsi, Thomas, dit Tomi, adolescent de 14 ans qui aime se réfugier dans l'arbre devant chez lui pour observer les femmes et pour lire, vit dans une famille de couturier. Son père Herman et son grand-père sont des couturiers pour hommes reconnus pour leurs talents dans la ville de Beregszasz en Hongrie. Son père souhaite lui transmettre son savoir mais lui, se rebellant, refuse et veut devenir plombier.
La vie suit son cours dans un climat de plus en plus hostile pour Tomi Kiss, adolescent juif, jusqu'à mai 1944 où sa famille est arrêtée puis déportée dans le camp de Dora-Mittelbau, puis celui de Bergen-Belsen en Allemagne.
Une nouvelle vie, plutôt un enfer va commencer. Il va falloir survivre dans cet enfer et ce par tous les moyens. Heureusement, les talents de son père vont leur assurer un travail dans les ateliers de couture du camp et ainsi les préserver un minimum du froid et de la boue. La faim, les humiliations, la peur, les angoisses ne seront malheureusement pas épargnées... Heureusement, son ami Hugo et son père seront toujours présents pour se soutenir, s'entraider.
Après la guerre, enfin libres, ils retournent chez eux, seuls et sans nouvelle du reste de la famille, pour y retrouver une maison dépouillée et où l’antisémitisme est toujours présent. Ils décident donc de quitter la Hongrie pour aller dans la capitale de la mode... Ils y trouvent une nouvelle famille de couturiers, qui leur permettra de construire une nouvelle vie, toujours remplie de cauchemars...
Ce roman de Véronique Mougin est très bien écrit. Il permet de ressentir les émotions perçues par les héros, et ce sans tomber dans les larmes. Il permet également de découvrir le quotidien de ces personnes déportées, et sans retomber dans la redite par rapport à tous les livres évoquant ce sujet. Il permet enfin de découvrir le métier de couturier de son début à la plus haute ascension qui est la haute couture, en découvrant ainsi la vraie facette de ce métier, sans le côté paillettes que l'on imagine en temps que simple spectateur.
La lecture se fait aisément, de manière fluide, avec l'alternance du récit du héros et l'intervention des personnes proches de Tomi dans des petits chapitres en italiques, donnant une autre vision de sa personnalité et de sa vie. Ce livre de plus de 400 pages fut donc agréable à lire, et m'a plu par son côté historique, biographique et instructif par rapport au monde de la haute couture.
