Les Chroniques de l'Imaginaire

Aylus (La voie des oracles - 3) - Faye, Estelle

Thya a fait le mauvais choix. Convaincue d'agir pour le mieux, elle a modifié le passé, intervenant à Brog pour empêcher l'assassinat d'Aylus par Mettius, commandité par son frère Gnaeus Sertor. Elle a ainsi créé une autre version de l'Histoire.

Vingt ans se sont écoulés depuis. Avec l'aide de l'Oracle Brûlée, Aylus est devenu Empereur et a instauré le règne des Oracles, décidant du sort de l'Empire romain en fonction de ses visions. Les petits devins se sont multipliés, les dieux anciens sont à nouveau vénérés.
Mais tout n'est pas parfait pour autant dans l'Empire. Aylus privilégie des objectifs à long terme, et entre temps le peuple souffre car il ne s'en préoccupe guère. D'autres menaces guettent.
Rien ne va non plus du côté de la famille d'Aylus. Sa femme Heledd l'a quitté, son fils adoptif Enoch ne l'aime guère. Son frère, le traître Gnaeus Sertor, vit en reclus à la campagne, séparé de ses deux enfants : Aedon, dans l'armée, s'oppose secrètement au règne des Oracles ; Thya la Jeune, l'héritière d'Aylus, vit auprès de celui-ci, mais elle n'est pas heureuse.

Thya est troublée par des rêves récurrents, dans lesquels elle voit une version plus sauvage d'elle-même arpenter l'Empire en compagnie d'Enoch. Elle y est différente, Enoch y est différent, le monde y est différent. Instinctivement, elle comprend qu'il s'agit d'une Histoire différente, qui aurait pu être mais a été effacée...
Quand Enoch disparait, Thya se lance à sa poursuite en compagnie de Mettius et va ouvrir les yeux sur le monde dans lequel elle vit. Est-il encore temps de réparer les erreurs du passé ?

Dans ce dernier tome de la trilogie La voie des oracles, l'auteure Estelle Faye redistribue les cartes. Empruntant des chemins différents, ses personnages ont évolué différemment : Thya la Jeune, élevée à Rome auprès de son oncle impérial, est une jeune femme toujours trop sérieuse ; Aylus, aveuglé par le pouvoir, se révèle obtus quand ses proches essaient de lui montrer que le règne des Oracles n'est pas bénéfique ; Aedon pour sa part, écarté par son oncle, n'a pas ménagé ses efforts pour devenir un commandant militaire renommé, et ses troupes le suivraient en enfer. Ces personnalités différentes brouillent les sympathies/antipathies antérieures du lecteur pour les protagonistes, comme si on avait affaire à des gens différents.

Un petit conseil : Relisez les deux tomes précédents avant celui-ci, si vous n'avez plus les détails en tête. Je ne l'ai pas fait, et je l'ai regretté car je me suis parfois sentie perdue devant le version alternative de l'Histoire, peinant à apprécier à leur juste valeur les différences entre les deux mondes. En effet, le récit ne fait pas vraiment de rappels et impose une certaine gymnastique mentale pour naviguer entre l'Histoire présente et celle qui a été.

L'action est encore au rendez-vous dans ce tomes, mais je l'ai pourtant trouvé moins rythmé que les précédents. La tension monte crescendo sur tous les fronts, l'auteure s'ingéniant à mettre les personnages en difficulté en ne les sauvant que de justesse... jusqu'au final qui, au fond, m'a fait l'effet du soufflé qui retombe. Toutes ces situations critiques se désamorcent d'un coup, de manière finalement un peu frustrante !

Bref, ce dernier tome qui joue à fond la carte de l'uchronie conclut intelligemment la trilogie, mais c'est un peu artificiel et je l'ai trouvé moins intéressant que les précédents.