Nous sommes dans les années 30, aux Etats-Unis. Pas franchement dans les grandes villes comme New-York ou Los Angeles. Non, là c'est quelque part dans le Kansas qu'on se trouve, en compagnie d'une famille de fermiers qui est sur le point de se faire expulser. Pour autant, cela ne semble pas forcément inquiéter Dusty, ni même sa mère. Dans le coin, les gens ont l'habitude de se serrer les coudes, en rachetant les maisons aux proprios avant que la banque ne les achète. Et il n'y a pas de raison que cela change, surtout depuis que le père de Dusty est parti à Washington, rencontrer le président.
Mais les choses ne se passent pas vraiment comme à l'accoutumée. Les banquiers arrivent en nombre, et les voisins de Dusty ne peuvent pas surenchérir. Dusty, sa mère et ses frère et soeur sont contraintes d'aller vivre chez des voisins, en espérant des nouvelles de leur père. Des nouvelles qui n'arrivent plus, depuis des mois. C'en est trop pour Dusty, qui décide, seule, de se rendre à Washington également, histoire de retrouver une trace de son père, et ce même s'il faut aller jusqu'à rencontrer le président américain...
Mais lorsqu'on est une petite fille de dix ans à peine, il n'est pas franchement évident de dégoter un billet de train pour Washington. Il n'y aura pas d'autre choix que de jouer au fraudeur avec les trains qui passent dans la région. L'occasion pour Dusty de rencontrer ceux qu'on appelle les hobos, des gens qui n'entrent pas franchement dans les cases d'un système qui se met en place. Des gens qui se réunissent régulièrement pour désigner leur roi et leur reine. Et il se trouve que l'élection en question arrive prochainement. L'occasion pour Dusty de rencontrer un certain Steamboat Willie...
Pour Dusty, qui parviendra au passage à devenir reine des hobos, grâce notamment à sa gouaille et son franc-parler, les rencontres ne vont pas s'arrêter là, puisque la jeune fille aura également l'occasion de discuter avec un certain Tom Joad (et je vous renvoie à la discographie de Bruce Springsteen au passage...), ou encore avec Dorothea Lange, une photographe, et un couple détonnant, Bonnie et Clyde...
Aurélien Ducoudray a décidé de nous faire voyager à travers l'Amérique des années 30, avec ce premier tome d'un road-trip intitulé La ballade de Dusty. Il est l'occasion de rencontrer tout ce que l'Amérique comptait de mythique à cette époque, en commençant par Bertha wagon à bestiaux, une dame immense, hobo de son état, qui ne sera pas sans donner un énorme coup de main à Dusty au début de son voyage. Le voyage de Dusty est presque le personnage principal de la série, avec des paysages à chaque fois bien différents, et surtout des personnages intéressants, souvent loufoques et attachants.
C'est Gilles Aris qui est aux dessins dans ce tome, avec des couleurs d'Albertine Ralenti. Les personnages sont immédiatement reconnaissables, avec des visages taillés à la serpe, un trait plutôt rugueux et anguleux, qui ne manque pas de faire la part belle aux diverses expressions qu'on croise tout au long de la progression de Dusty, et des rencontres qu'elle fait.
Pour autant, le tome laisse le sentiment de passer de façon franchement rapide : on a à peine le temps de s'attacher à un personnage, qu'on passe déjà à un autre groupe. C'est un peu dommage et on garde une impression de passer à côté de certaines rencontres, notamment si on n'est pas forcément spécialiste des personnages américains emblématiques de l'époque concernée. Une lecture somme toute sympathique, même si la série mériterait sans doute qu'on s'attarde un peu plus sur tel ou tel personnage.
