Les Chroniques de l'Imaginaire

Chance - Nunn, Kem

Sur la côte Pacifique, à San Francisco, l'auteur Kem Nunn oublie les clichés du surf, de l'océan et des rues atypiques, pour mettre en scène un thriller angoissant et suffocant autour de la vie d'un neuropsychiatre nommé Chance. 

Chanceux, nous en sommes loin, c'est plutôt une année où Chance cumule les mauvaises rencontres et les déboires. Il enchaîne à son travail les rapports neurologiques de ses patients, et nous sommes loin du pays des Bisounours : des névrosés, des paumés, des drogués et j'en passe. Sa vie personnelle est en lambeaux, il sort d'un divorce et sa fille Nicole est très influençable et file un mauvais coton.

Que dire aussi de sa rencontre avec D (Darius), un mastodonte, qui partage avec lui une certaine philosophie de la vie, et qui malgré les apparences, s'en sort pas trop mal côté intellect ? Et puis, la cerise sur la gâteau, c'est une de ses patientes : Jaclyn Blackstone, bien trop mystérieuse, jeune femme attirante mais dérangée avec une double personnalité ; sans parler de son conjoint : un flic corrompu et jaloux.

Vous prenez toutes ces personnes, vous obtenez un quatuor improbable et scabreux, essayant de vivre au milieu de jeux sexuels tarabiscotés et des trafics en tous genres. Reste un homme perdu au milieu de tout cela : Chance.

L'auteur Kem Nunn cite Friedrich : « Il n'y a pas de victimes, il n'y a que des volontaires ». Chance va tout droit dedans. Il nous explique également la théorie du lac gelé : « c'est le truc que tu désires tellement que tu es prêt à marcher jusqu'au centre d'un lac gelé pour l'obtenir ».

C'est exactement ce qui se passe pour Chance : tout va de mal en pis pour notre héros mais rien ne l'arrête. Ce n'est pas si évident de suivre tous ces malheurs. Thriller psychologique, parfois trop long, on se lasse des explications intellectuelles sur l'être et son comportement. On est à la limite d'une certaine folie, et même à un moment donné, nous aurions tendance à croire que le personnage principal n'est pas loin de sombrer dans cette folie après un tel cumul d'aléas négatifs survenus dans sa vie.

Je suis un peu déçue. En effet, j'étais loin de vibrer pendant ma lecture, mais ce qui a excité ma curiosité, c'est que je voulais savoir comment ça allait se terminer, pour mieux comprendre cette intrigue. Je m'attendais à un final plus claquant. 

La lecture n'est pas si désagréable, mais malgré la curiosité du début, je suis restée sur ma faim. C'est aussi bien décalé que déjanté, il faut s'accrocher pour suivre les personnalités dérangeantes et les dérives de chaque patient, sans oublier le comportement de Chance. On ne peut être qu'heureux de vivre nos vies bien calmes à côté. Cela montre qu'autant que nous sommes, tout le monde peut sombrer dans le côté obscur et sombre, à tout moment, et même celui de la folie.