Les Chroniques de l'Imaginaire

Ferrailleurs des mers (Ferrailleurs des mers - 1) - Bacigalupi, Paolo

Le changement climatique a fait basculer la société dans une nouvelle ère. Les grandes métropoles côtières se sont trouvées noyées sous les flots et les ressources, dorénavant rares, ne font la fortune que des plus chanceux. En haut de l’échelle, des clans familiaux marchandant les ressources et vivant dans l’opulence ; en bas de l’échelle, des hommes génétiquement modifiés pour devenir des esclaves loyaux. Juste au-dessus de ces esclaves mi-bêtes se trouvent les ferrailleurs, des hommes, femmes et enfants chargés d’extraire les matériaux des ruines de l’ancien monde. 

Nailer est un ferrailleur vivant en Louisiane avec son père, drogué, alcoolique et violent, son amie Pima et la mère de cette dernière, l’avisée Sadna. Son corps fluet d’adolescent lui permet de se faufiler dans les cargos abandonnés au prix de nombreux dangers et de faire partie des expéditions légères de ferrailleur. Il vit sa vie au jour le jour, car l’avenir est sombre pour les ferrailleurs légers s’ils ne gagnent pas assez en force pour faire partie des équipes lourdes à l’âge adulte. Vente d’organes, prostitution… Nailer et ses amis préfèrent ne pas y penser. 

Une tempête va venir ébranler les certitudes du garçon. Un voilier de luxe s’échoue sur la plage avec, à l’intérieur, une jeune fille à demi morte. Toutes les règles de survie des ferrailleurs voudraient qu’il la laisse à son sort et s’empare de ses richesses. Pourtant, Nailer n’en fera rien et s’embarquera alors dans une série d’aventures.

J’ai beaucoup aimé ce roman qui parvient à rester léger malgré le caractère très sombre de son sujet. Les personnages luttent pour leur survie dans des conditions épouvantables mais composent avec les événements. Ils sont rarement désespérés, ce qui rend la lecture étrangement réconfortante. 

Le rythme de ce roman est aussi très bien tourné : j’ai particulièrement apprécié que la première moitié du roman nous permette de nous familiariser avec l’univers quotidien des ferrailleurs. Paolo Bacigalupi réussit le parfait compromis entre donner de la profondeur à son univers et maintenir un climat de tension. Pile au moment où on commence à se sentir en terrain connu auprès des ferrailleurs, le roman nous entraîne à la découverte d’un autre pan de l’univers et l’action s’accélère. En d’autres termes, les descriptions sont très soignées, on visualise facilement le décor du récit mais on n’a pas l’occasion de s’ennuyer non plus.

Bien qu'il ait été promu dans une catégorie jeunes adultes, il me semble que l'éditeur J'ai lu a fait le bon choix en le passant en collection adultes. Ferrailleurs des mers pourra être apprécié dès l'adolescence mais satisfera sans problème les plus « vieux » adultes.