Nous sommes dans un futur assez sombre, où la place vient à manquer de plus en plus à l'Humanité. Alors, l'espoir vient des travaux du docteur Hari Hardy, qui travaille pour l'ERSSM (Explorations et Recherches Scientifiques Sous-Marines), et plus particulièrement sur le projet Dept.H, qui vise à installer des villes entières dans les profondeurs de l'océan. Des villes capables de résister aux formidables pressions qui s'exercent dans les grandes profondeurs...
Mais tous les doux rêves ont une fin : dans le prototype d'une telle ville, il se trouve que Hari Hardy vient de trouver la mort. C'est sa propre fille, Mia, qui est chargée par les dirigeants de l'ERSSM d'enquêter sur la mort de son père. Mia a une mémoire photographique prodigieuse, capable d'enregistrer tous les détails, et cela lui joue des tours, humainement en tout cas... Mia se souvient de tout, et même des choses moins sympathiques. Elle a une difficulté énorme à pardonner...
Et ce n'est pas une fois arrivée sur place que Mia risque de progresser, sur le plan humain. Dans la station, seuls quelques individus sont encore présents. Des individus qui peuvent tous être le meurtrier potentiel de son père. Et parmi eux, il y a Lily, une amie d'enfance de Mia avec qui elle s'est disputée, et il y a surtout Raj, le propre frère de Mia...
Rapidement, Mia souhaite voir les lieux de l'accident. Elle ira, bien vite, mais tombera nez à nez avec le cadavre de son père, flottant dans une pièce inondée, soumis à des pressions pour le moins insupportables pour un corps humain... Rapidement, Mia se met à soupçonner tout le monde.
Et rapidement, la communication avec la surface est interrompue. Un dysfonctionnement que Mia ne peut qualifier de hasardeux, qui ne peut tout simplement pas être une simple coïncidence...
Matt Kindt et Sharlene Kindt nous embarquent là dans un excellent huis-clos à quelques milliers de mètres de profondeur. C'est là l'occasion de se retrouver entouré de personnages franchement travaillés, qui font absolument tous d'excellents meurtriers potentiels, soit par leur côté un peu barge, soit par les relations qu'ils avaient avec Mia, ou même avec Hari...
Ainsi, les auteurs jouent littéralement avec nos nerfs dans le premier tome de ce thriller en profondeur, où la tension monte crescendo au fil des pages. Le format du livre, et c'est souvent le cas chez Futuropolis, laisse la pression (sans mauvais jeu de mot...) s'installer, et les choses se délitent peu à peu dans ce premier tome, sur les quatre qui sont prévus (et déjà sortis aux États-Unis tout au long de 24 comics chez Dark Horse Books).
Les dessins de Matt Kindt, pour la première fois mis en couleurs par Sharlene Kindt, sont parfaitement réussis : les visages sont taillés à la serpe, de grands aplats de noirs renforcent l'impression qu'on est en grande profondeur. La lisibilité est importante, et un soin tout particulier a été apporté aux scaphandres, ou encore à la technologie qui permet aux hommes de descendre si profondément. Un côté scientifique parfaitement crédible au milieu de ce récit à la fois futuriste, et également aux parfums de science-fiction.
Il est fort probable que nous n'ayons encore pas vu l'intégralité des personnages présents dans ce mouroir en profondeur, et il est également bien possible que la vraie menace provienne de la surface. Le tome est aussi l'occasion de croiser des animaux immenses et mystérieux : vivement la suite, pour qu'on aie vite quelques réponses !