Les Chroniques de l'Imaginaire

Sous Béton - Georges, Karoline

L'enfant est enfermé dans un endroit gris, clos de toutes parts. L'enfant vit avec père et mère dans une cellule où il ne se passe rien. Des gens meurent dans les couloirs et se font ramasser et c'est bien tout ce qu'il se passe dans ce grand immeuble. L'enfant sait qu'il habite au 5969ème étage, dans la cellule 804. Il sait qu'il est condamné à être un occupant de plus ou un cadavre de plus. Père le sait aussi mais père a au moins la chance d'avaler des litres du calmant. Ses crises de violences se font de plus en plus fortes, et mère s'enfonce inexorablement vers la dépression.

J'ai essayé comme j'ai pu de vous livrer un résumé aussi épuré que possible sans rien vous divul'gacher et cela n'a pas été facile du tout ! Le texte est très court mais diablement intense.

Cela fait un bail maintenant que je n'avais pas lu une œuvre aussi dense et possédant autant de niveaux de lecture différents ! Ce livre est le genre d’œuvre dont on se sort pas indemne après la lecture. Il me reste encore cette sensation d'inconfort et de claustrophobie rien qu'en y repensant. Sur la forme, ce livre est déjà magnifique. C'est très bien écrit et pour un huis clos je dois bien avouer qu'il se passe énormément de chose. Parce que ce que je ne vous dis pas, c'est qu'à l'intérieur du bâtiment des gens se font purement et simplement éliminer par une milice sur le simple fait qu'ils sont peut-être malades. Et surtout, ce que je ne dis pas, c'est que la majorité de la narration se passe surtout à l'intérieur de la tête du personnage de l'enfant.

Et à partir de là, il est possible de faire une quantité astronomique d'hypothèses sur les niveaux de lectures et d'analyses possibles. Sommes-nous entrain de lire le récit d'un autiste emmuré en lui-même et qui essaye tant bien que mal de comprendre le monde qui l'entoure ? Ou bien est-ce un roman dystopique tout simplement ? Ou bien est-ce le récit d'un cerveau qui est au courant qu'il est un cerveau et du coup interprète chacun des épisodes d'évacuation comme ce qui se passe avec la mort de neurones ? Il y a tellement de choses à dire sur cette histoire. Tellement de moments de relectures possibles, parce qu'il est clairement impossible de ne le lire qu'une seule fois. 

Bref, un coup de cœur immense pour cette œuvre : Karoline Georges, vous avez un nouveau fan !