Dans le même univers que Planet fall, After Atlas se déroule 40 ans après le départ du vaisseau Atlas pour une planète inconnue mais les deux romans peuvent parfaitement se lire séparément. Ce roman de science-fiction d'Emma Newman nous plonge ainsi sur la planète Terre, 40 ans après le départ du vaisseau Atlas.
Carlos Moreno, un inspecteur propriété du Ministère de la Justice, est un esclave de ce ministère. Il a grandi seul après l'abandon de sa mère qui a embarqué sur l'Atlas, son père l'a également délaissé. Il a donc un passé compliqué et sa célébrité l'encombre. Son secret : son métier lui a été imposé en fonction de ses compétences et talents par le Ministère de la Justice. Condamné à pratiquer son métier jusqu’au remboursement complet d’une dette, on lui ordonne plus ou moins de prendre en main une enquête pour meurtre. Carlos va se rendre compte qu'il en connaît le meurtrier. L'ambiance est noire et désespérée. On plonge ainsi ici dans cette enquête policière qui va finalement, au fil des pages, se révéler bien plus qu’un meurtre sordide avec plein de rebondissements et de révélations.
La narration est à la première personne dans ce roman de SF intimiste. Le côté froid et distant du personnage principal nous décrit l'atmosphère. Certes, la résolution du meurtre ne manque pas d’attrait, mais c’est dans tout ce qui tourne autour que le récit gagne en intérêt. Il va ainsi nous questionner et nous faire réfléchir sur de nombreux points comme l'importance de toutes ces nouvelles technologie dans nos vies. Que nous réserve notre futur à l'heure où les Google Home arrivent dans nos foyers ?
Ici, la majorité des protagonistes sont connectés directement à travers une puce dirigée par une intelligence artificielle, donc les personnes sont constamment toujours en ligne et leur IA leur soumet selon leurs envies des suggestions : "Souhaitez-vous vous procurer tel article ?..., pensez à ... etc.,". Cela influence obligatoirement la façon de communiquer, la notion de vie privée, mais aussi accentue les différences de classes. La nourriture naturelle a quasiment disparu chez les moins riches pour de la nourriture fictive avec soit-disant un goût de vrai ! Une dégradation de qualité acceptée apparemment par tous.
Les technologies sont pointues, comme le montre tout ce qui permet à notre héros de résoudre l’énigme, mais a aussi pour effet de jouer clairement sur les libertés de chacun, ce qui fait obligatoirement se questionner le lecteur. Surtout, l’ensemble est cohérent, plausible et ne manque pas de nous faire réfléchir sur notre monde actuel, notre capacité parfois à accepter certaines choses, certaines améliorations, pour une meilleure sécurité ou pour le plaisir, mais qui pourrait tout aussi bien devenir dans un avenir proche une contrainte.
L’aspect politique de ce roman : Les classes sociales ont complètement été revues entre les riches, les citoyens qui ne conservent que quelques libertés et les « esclaves » qui après avoir été rééquilibrés sont « vendus » à différents types d’organisations, allant des plus sordides au plus utiles, et qui doivent rembourser leurs dettes en travaillant.
Il y est au final très intéressant de découvrir cet aspect high-tech à travers cette évolution sociale et politique. Cela nous questionne et nous fait réfléchir sur de nombreux points comme l’importance de la technologie dans nos vies, la notion de vie privée, l’idée du travail, l’esclavage ou encore sur la notion de sécurité et de liberté. Cet avenir peut nous apporter quelques frayeurs.