Les Chroniques de l'Imaginaire

Un assassin de première classe (Wells & Wong, club de détectives - 3) - Stevens, Robin

Après la résolution de deux enquêtes au cours de l’année, Hazel Wong et Daisy Wells profitent de vacances d’été bien méritées. Le père d’Hazel, un homme d’affaires hong-kongais, propose aux deux adolescentes de l’accompagner à bord de l’Orient-Express. Le rêve pour ces détectives en herbe ! Et ce d’autant plus que le fameux roman d’Agatha Christie vient de paraître. 

Hazel s’est bien promis de respecter les exigences de son père et d’exercer une bonne influence sur sa comparse plus turbulente. Ses bonnes résolutions sont vite mises à l’épreuve : un espion est présent à bord et un meurtre est commis dans leur propre wagon !

J’ai dévoré ce livre. Je pense que je l’aurais encore plus apprécié étant enfant. Je regrette un peu de ne pas avoir lu les deux précédentes enquêtes mettant en scène notre duo de détectives avant d’avoir lu celle-ci. L’une d’elles en particulier est abordée à plusieurs reprises. Cela ne gêne pas la compréhension de l’enquête présentée dans ce roman mais on a malgré tout l’impression de louper quelques allusions. Toute adulte que je suis, j’envisage à présent de rectifier ce tir et de suivre la série. Le style est agréable, fluide et non dénué d’un certain humour. 

La narratrice, Hazel, est la moins aventureuse des deux jeunes filles. Elle est rendue particulièrement attachante par l’amour qu’elle porte à son père et son déchirement de ne pas pouvoir lui obéir. Son regard sur le monde est tour à tour naïf et plein de discernement. J’ai particulièrement apprécié la présentation, dans le corps du roman, des pages qu’elle écrit dans son carnet de détective avec, en prime, une écriture différente pour les remarques ajoutées par Daisy – le roman comporte par ailleurs une carte représentant l’emplacement du compartiment de chaque personnage dans le wagon. Outre leur présentation, elles récapitulent l’enquête de manière très logique et aideront sans nul doute les jeunes lecteurs à faire leurs propres déductions.

La naïveté d’Hazel sert aussi le récit et permet d’en décrire la toile de fond historique. Je ne peux trop en dire sans dévoiler certains éléments mais voyager dans l’Orient-Express en 1935, à la veille de la Seconde Guerre Mondiale, est l’occasion pour l’auteur d’aborder certaines thématiques. D’autres auteurs auraient pu en faire des tonnes sous prétexte de pédagogie mais ce n’est pas le cas ici. Robin Stevens fait preuve d’une grande finesse, d’une subtilité louable et interroge même l’idée du bien et du mal, du respect de la loi en toutes circonstances ou non. C’est à mon sens un parfait exemple de la manière dont on peut inscrire son roman dans un contexte historique sans le rendre rébarbatif.

L’amie d’Hazel, Daisy, est une jeune Anglaise cachant son jeu de détective derrière ses bonnes manières. Elle est en conséquence à la fois exaspérante et irrésistible. Les autres personnages, notamment ceux présents dans le wagon, frisent la caricature mais sans tomber dans l’excès, ce qui les rend très appréciables : la duchesse ruinée, le chef d’entreprise bourru, la femme de chambre insolente, etc. En outre, certains, comme la voyante, le magicien ou l’auteur de romans noirs, sont drapés d’une aura de mystère qui incite véritablement à en découvrir plus sur eux. 

Au niveau de l’intrigue, on a bien sûr des soupçons, fondés, infondés…On se creuse un peu les méninges. On ne devine pas tout de suite qui est le coupable mais on le pressent juste ce qu’il faut avant les protagonistes. C’est plutôt bien joué en ce sens.

Pour résumer, si vous adorez les romans policiers mais vous lassez des Agatha Christie, si vous avez lu toute la bibliographie de la fameuse romancière et que vous cherchez à la compléter d’une lecture légère et du même style, si vous vous sentez encore suffisamment jeune pour lire de la littérature jeunesse, lisez ce roman.