Griffin est un jeune New-Yorkais de treize ans qui traverse un épisode familial difficile. Si sa sœur aînée, Quigley, essaie à tout prix de réconcilier leurs parents séparés, lui tente de se rapprocher de son père, Nick. Et Nick n’est pas n’importe quel père. Brocanteur, il est atteint d’une addiction un peu particulière : celle de vouloir à tout prix sauvegarder le patrimoine bâti de sa ville natale. New York est en effet une ville en mutation constante, où les immeubles sont détruits tous les vingt ou quarante ans pour laisser place à de nouvelles constructions, ce que cet amoureux du passé ne supporte pas.
Cette décennie-là, les années 1970, c’est au tour des immeubles art déco ou d’inspiration gothique de disparaître. Griffin va donc aider son père à escamoter des gargouilles et autres éléments de décoration avant qu’ils ne soient détruits, au nez et à la barbe des autorités. Ces nuits dévolues aux vols architecturaux vont lui permettre de mieux comprendre son père et sa ville, mais aussi de se construire sa propre identité.
Les chasseurs de gargouilles nous entraîne dans les rues de New York à la rencontre de ses fantômes, mais aussi de ses mutations futures. Ce livre est empreint d’une grande nostalgie pour tous ces lieux de vie, ces habitations, ces bureaux, ces restaurants et cafés à jamais démolis alors même qu’ils étaient le centre de gravité, le foyer de tant de citadins. Des lieux anonymes, mais aussi d’autres plus connus comme le Washington Market, qui a laissé sa place aux Twin Towers aujourd’hui également disparues.
Griffin se fait lui-même le témoin de ces mutations. Devenu adulte, il relate les événements survenus lors de son adolescence et de son enfance dans une ville qui n’existe plus sous la même forme mais dont l’identité subsiste malgré tout par-delà ses métamorphoses. Cet amour inconditionnel pour un New York anthropomorphique est poignant.
Ce roman est servi par un style agréable et une galerie de personnages excentriques : Griffin, l’adolescent en quête de soi et amateur de farces de mauvais goût, Quigley jeune fille bohème délaissée, le père brocanteur dont l’amour passionnel pour sa ville a détruit son couple, la mère artiste désabusée et sa flopée de locataires marginaux, etc.
Pour résumer, Les chasseurs de gargouilles est une belle lecture qui saura plaire aux amateurs d’architecture, de New York ou de grandes villes en général.