Les Chroniques de l'Imaginaire

Solaris (Solaris - 206)

Comme annoncé dans la présentation, les nouvelles du panneau Fictions sont plutôt sombres. On y lira :

Fétiches funèbres, de Martine Bourque : une Montréal du futur où chacun peut être célèbre, qu'on s'en réjouisse ou pas, pendant une courte durée, suite aux films amateurs omniprésents, et habitée de "sorciers" aussi mal vus qu'au Moyen Âge.
J'ai trouvé le monde imaginé par l'auteure très intéressant, avec du potentiel, mais le mélange franco-anglais à la québécoise m'a rendu la lecture vraiment difficile.

Ma station de métro, de Dave Côté : un groupe d'habitués du métro voit avec malaise un mendiant passer parmi eux avec des crayons à vendre, avant de disparaître... à travers la grille de communication avec le conducteur.
Pas de surprise avec cet auteur qui est une valeur sûre de l'imaginaire québécois : sa nouvelle imaginative sur la découverte de soi, au fantastique discret, est superbe.

L'odeur de tes racines, de Josée Lepire : une expédition exo-archéologique est brutalement expulsée de son lieu de fouille, au grand dam de la narratrice, qui s'était attachée à Giia.
Une autre nouvelle plaisante, qui interpelle le lecteur avec son écriture au "tu", dont les personnages sont crédibles, et dont j'ai aimé la mise en avant de l'odorat, originale et bien venue.

Pendant l'hiver, de Karine Raymond : Hana veut retrouver son père, qui l'a abandonnée depuis plusieurs années, en explorant les grottes de la vallée où se dressent les Cheminées des Fées, qui l'obsédaient, envahies qu'elles sont pour certaines de champignons mortels.
Le monde post-apocalyptique imaginé par l'auteure est crédible et intéressant, mais j'ai trouvé l'intrigue, même si elle est bien racontée, un peu rebattue.

Celui qui parle aux morts, de Christian Léourier : un meurtre ayant eu lieu sur l'île où s'installent les pécheurs en été, et les esprits des morts devant être apaisés, le criminel est laissé sur place pour y mourir pendant l'hiver. Mais à leur retour aux beaux jours, les pécheurs trouvent Helgin, bien vivant, à les attendre.
Cette excellente nouvelle, aux personnages particulièrement fouillés malgré le format court, décrit un monde convaincant, et la façon dont un changement de société peut être amené par un homme seul. A mon avis, l'une des meilleures nouvelles de ce numéro.

Dans ses Carnets du Futurible, intitulés L'archéologie spatiale, ou la recherche des techno-fossiles, Mario Tessier se penche sur les artefacts, matériels ou pas, qui constituent notre récente, et très courte, histoire de l'exploration spatiale. Cela va des satellites en fin de vie aux enregistrements des missions Apollo, en passant bien sûr par les traces lunaires. J'avoue avoir été quelque peu choquée d'apprendre grâce à cet article, aussi bien documenté et passionnant à lire que les précédents, qu'une partie de notre histoire avait d'ores et déjà disparu.

Dans la partie critique de la revue, j'ai lu avec intérêt la critique de Geneviève Blouin sur La voie des pierres, d'Elisabeth Vonarburg, et découvert une fois de plus quelques titres intrigants, tels Le saint patron des Merveilles, de Mark Frutkin, ou The wind in his heart, de Charles de Lint.