Nous sommes au Miroboland, au beau milieu de l'hiver. Ici, ce sont les beaux parleurs qui sont élus, et peu importe derrière s'ils tiennent leurs promesses ou non. Toute ressemblance entre Belranguen et des responsables politiques réels serait ainsi bien entendu purement fortuite, mais force est de constater que ce dernier a le pouvoir...
Pour autant, c'est bien loin de la politique que se situe le petit village de Kointrankyl, un village tranquille où il fait bon vivre, et où on retrouve le sage Lewiskarol, au travail alors que ses deux filles, Pam et Lilimarlèn, sont dans leur chambre, à discuter de l'éventualité qu'un garçon puisse enfin passer par là. C'est justement le cas d'Andiwarol qui entre, tentant discrètement, et en vain, de monter directement dans la chambre des filles en question. Mais le sage Lewiskarol le surprend, et lui suggère d'aller trouver des fleurs, et ce en plein hiver...
A défaut de fleurs, c'est Ajmur qu'Andiwarol va retrouver. Le doyen du village était sous la neige, mais il est heureusement encore en vie. A son grand désarroi, au passage, lui qui rêve de mourir une arme à la main, histoire de se retrouver enfin à festoyer au banquet d'Odin... Sa désillusion est grande, alors qu'il est contraint de retourner au chaud, auprès de sa trop patiente épouse.
Mais la tranquillité de Kointrankyl est maintenant sur le point de voler en éclat, lorsque les hommes de Belranguen attaquent le village, alors qu'une épaisse brume se lève. Une attaque pour le moins furtive, donc, qui va surtout viser à enlever le sage Lewiskarol, au nez et à la barbe de ses jolies filles. C'est maintenant décidé, et ce sont les ondines qui le décrètent, il va falloir suivre le chemin des fous pour retrouver Lewiskarol, et pour cela, un petit groupe formé d'Andiwarol, Pam et Lilimarlèn est déjà constitué...
Le moins que l'on puisse dire est que ce one-shot complètement délirant ne laisse pas de marbre. Pour la première fois sans doute dans l'histoire de la bande dessinée, voilà une histoire dont les dessins ont été réalisés avant même le scénario ! Une manière de faire délirante, certes, mais qui s'explique par les fait que BeKa, le scénariste, a décidé de réutiliser les dessins de Poupard (à l'époque sous son vrai nom d'Alexandre Mermin) sur la série Les brumes du Miroboland, parue en deux tomes en 2003 et 2004, déjà chez Bamboo. C'est ainsi avec une pointe de nostalgie que les auteurs de la série Les Rugbymen nous présentent Le chemin des fous...
Et la seule chose qui mène le lecteur ici, c'est un humour déjanté, mais diablement efficace ! Les dessins sont franchement superbes et n'ont pas pris une ride, et les personnages, tous plus fous les uns que les autres, sont menés d'un bout à l'autre du royaume, parfois sur un simple jeu de mot. Car c'est bien cela qui mène l'album : les jeux de mots y sont légion, et parfois ils sont très bien trouvés. Personnellement, j'ai un petit faible pour les Kapitos, des créatures attirées par l'or, l'argent et le monde de la finance, et qui sont d'une justesse incroyable dans ce récit.
Le chemin des fous est ainsi une bande dessinée un peu hors norme, presque hors du temps, mais qu'il sera bon de découvrir et de redécouvrir, quel que soit le membre de la famille qui plus est. A se procurer au moins pour la découverte !
