Les Chroniques de l'Imaginaire

Gallica (Gallica) - Loevenbruck, Henri

Il y a quatre ans, Bohem escaladait le feu de la Saint Jean pour sauver le loup du bûcher. Comme le veut la tradition en Tolsanne, un animal mythique doit être sacrifié vif dans les flammes. Mais cette année-là, le fils du louvetier, Bohem, traverse les flammes devant l'assemblée villageoise éberluée pour secourir le loup d'une mort atroce.

Depuis lors, le garçon est devenu un adulte. Il conserve les marques de cet événement sur sa peau et dans l'esprit populaire, vu que seule l'excuse de sa jeunesse fougueuse lui a permis d'échapper à l'excommunication. Il vit en marge, à écart de ses concitoyens. 

Ce qui lui sauve la vie et condamne sa famille.

Le village est attaqué par une horde de guerriers. Les villageois sont passés au fil de l'épée et les maisons sont incendiées. Villiers-Passant n'est plus. Bohem sait que c'est après lui que les pillards courent.

Bohem fuit vers son destin.

En cette belle année 2018, J'ai Lu ressort la trilogie Gallica (Le louvetier, La voix des Brumes et Les enfants de la veuve) de Henri Loevenbruck en un seul imposant volume dans un format plus grand qu'un livre de poche habituel et à prix doux. Une occasion à saisir pour ceux, comme moi, qui n'avaient pas encore goûté au travail de l'auteur français.

Gallica nous plonge à la poursuite de Bohem, un jeune adulte, envoyé sur la route par des menaces bien tangibles qu'il ne peut pas comprendre. C'est un récit proche de la nature fait d'aventure et d'apprentissage sur les terres des royaumes de Gallica ou Brittia, qui forment une sorte d'Europe médiévale (et un peu fantasy) d'après l'an mille. Cette période historique fantasmée par Loevenbruck pose un décor solide pour l'action et aisément représentable. L'univers est cohérent, tient la route et nous transporte dans un endroit presque connu.

Ce récit m'a pas mal fait penser aux diverses séries écrites par Robin Hobb (L'assassin royal ou Les aventuriers de la mer) : à savoir, un début d'une lenteur prenante, une ambiance posée tranquillement (sans doute un peu trop), un héros plus ou moins solitaire (parfois pleurnichard) face à l'inconnu, puis un rythme qui s'emballe alors que les mystères se résolvent dans une atmosphère... chaleureuse, agréable, réconfortante, à croire que l'auteur n'a jamais voulu nous faire trop peur. Selon votre état d'esprit, ce dernier élément n'est pas à prendre comme un défaut. 

Là où je suis plus gêné, c'est au niveau du style d'écriture. Il est simple. Oui, il supporte et transmet l'histoire mais j'ai, franchement, eu l'impression de lire un livre pour enfant (ce que cette drôle d'ambiance accentue) à la tension relative. L'écriture manque de force et de dureté. Je n'attendais pas un massacre ou à une culture de la violence mais le mélange des différentes nations et religions, en les comparant avec le monde réel (ce qui est inévitable puisque Loevenbruck s'en inspire), est trop gentil et trop facile.

Comment conclure, dès lors ? Simplement et directement : Loevenbruck et Gallica font leur boulot, ils racontent une histoire prenante. Il y a mieux, il y a pire. Gallica n'est pas inoubliable mais vous fera passer un bon long moment.