Les Chroniques de l'Imaginaire

Le sauve-qui-peut (L'oiseau de feu - 2C) - Brossard, Jacques

Même s'il lui est arrivé de souhaiter y être, le séjour d'Adakhan au sein de l'équipe de LC4-FR5 lui est pénible. D'une part dans ces "détails" que sont la conception des modules d'habitation ou le mode de salutation, très formel, des membres de l'équipe, et d'autre part dans ces éléments plus essentiels que sont l'omniprésence de la surveillance, et la sensation de malaise qu'il ressent devant Lokhfer lui-même. Sans compter l'absence persistante de Laïtha, l'une des raisons majeures pour Adakhan de son désir de venir dans la gueule du loup. Il lui faudra plusieurs mois pour savoir enfin où la trouver, et la secourir.
Mais son retour chez le Vieux avec Laïtha presque détruite, et les preuves qu'il rapporte des tortures et autres expériences interdites en cours chez LC4-FR5, permettent la condamnation formelle de Lockhfer par le Collège. Et ce, même si l'équipe de JH3-VH9 est également condamnée pour avoir permis l'union d'Adakhan et de Selvah. Toutefois, tout cela pèsera beaucoup moins lourd que l'avancée de plus en plus menaçante du cataclysme prévu par MO.

Ce tome clôture le séjour d'Adakhan à la Centrale. Il permet de décrire plus précisément le fonctionnement matériel et psychique d'une autre équipe que celle du Vieux. Et quelle équipe ! Si LC-FR peut se prononcer Lucifer, Melkuth, au nom prédestiné, fait également penser au sinistre Dr Mengele. D'ailleurs, toute cette équipe, ouvertement raciste, évoque très nettement les SS nazis, et d'autant plus vu la façon dont elle traite Laïtha, et le mépris qu'elle professe pour l'équipe multi-colorée du Vieux.

On retrouve dans ce tome l'importance des "rêves" des personnages. Curieusement, alors que c'est aussi celui où le développement du vaisseau spatial entre dans sa phase finale, on s'écarte à nouveau de la science-fiction proprement dite, sauf à admettre que celle-ci se réduirait à "la fantasy avec des boulons". Mais même dans ce cas, les "boulons" ici sont davantage spirituels que physiques, et un lecteur de science-fiction pourra avoir du mal à y trouver son compte. L'ambiance pré-apocalyptique, vue en parallèle à Manokhsor et à la Centrale, est à mon sens bien rendue, avec ses références au "festin en temps de peste", thème pictural ou littéraire bien connu.

Ce deuxième volume en trois tomes se révèle homogène et bien équilibré entre ses différentes parties, et l'évolution d'Adakhan y est pour le coup sensible : l'homme qui part pour Ashmev a beaucoup grandi par rapport à celui qui avait rejoint la Centrale à son tout début.