Paul est un jeune musicien et compositeur qui n'est pas franchement dans un des meilleurs moments de sa vie. Clara, sa femme, l'a quitté il y a peu, et le moins que l'on puisse dire est que cela a un effet dévastateur sur la vie du jeune artiste. Paul ne parvient pas à remonter la pente, et reste chez lui durant des jours, à boire et fumer, avant de se mettre à une solution plus médicamenteuse...
Et c'est là où des effets pour le moins étranges vont se faire ressentir... Paul, dont c'est l'anniversaire, reçoit la visite de nombre de ses amis. La fête bat son plein, et le réveil est difficile. C'était une bonne soirée, sauf que celle-ci n'a tout simplement pas existé ! Pierre, un des amis de Paul, le lui confirme, en précisant qu'il était à l'autre bout de la planète, la veille...
Et les choses ne vont pas en rester là, d'autant que la séparation avec Clara est encore vraiment difficile à avaler. C'est une certaine Nina qui va l'apprendre à ses dépends, lorsqu'elle se fait chasser par Paul, alors qu'elle venait chercher des affaires ayant appartenu à Clara. Paul refuse de remettre les affaires en question à quiconque d'autre que son ex, et il va continuer à prendre les traitements avec lesquels il parvient enfin à dormir...
Mais avec Inversion, un one-shot qui sort chez Bamboo dans la collection Grand Angle, les choses n'en resteront pas là. Paul passera de plus en plus de temps à dormir, et à rêver, confondant rapidement les songes et la réalité. Dans ces cas-là, les amis, voire des personnes totalement inattendues, peuvent prendre une vraie importance, pour remonter une pente qui semble infranchissable.
Sylvie Gaillard et Franck Woodbridge parviennent à parfaitement retranscrire la dépression de cet individu sur lequel le sort s'acharne depuis que sa moitié est partie. Il y aurait d'ailleurs sans doute un peu de vécu derrière ce one-shot, tant c'est réaliste et complètement crédible. La douleur humaine est un sujet très vaste, et les scénaristes en retranscrivent une partie avec beaucoup de justesse, tout en laissant des lueurs d'espoir clairsemer leur récit.
En cela, les dessins et les couleurs de, respectivement, Kolonelchabert et Renaud Angles, y sont pour beaucoup. Les traits sont d'une grande finesse et d'une toute aussi grande sensibilité, et c'est sans problème qu'on se prend d'empathie pour Paul, et pour les personnes qu'on croise et qui vont l'aider à remonter la pente. Le personnage de Nina est important là encore, et il est parfaitement maîtrisé, que ce soit dans les traits ou dans la narration.
Inversion est ainsi une belle plongée dans l'âme humaine, notamment en ce qui concerne les cœurs brisés, et il n'est pas que cela. Un one-shot brillant et intelligent, que l'on ne peut que recommander.