Alors qu'ils sont partis à six, seuls trois voyageurs arrivent sur Ashmev : Adakhan, Selvah et Laïtha. L'Oiseau de Feu se pose sur une île paradisiaque. Selvah y donnera naissance à leur premier enfant : Abhül. Mais Adakhan a la bougeotte, et il est attiré par le continent qu'il a vu au moment de leur arrivée, et dont il discerne les contours. Aussi partent-ils, sur un radeau.
Pendant la traversée, une tempête les prive de ce qu'ils avaient emporté, et ils se retrouvent totalement démunis sur une terre plutôt inhospitalière, sans possibilité de retourner sur l'île, détruite par un tremblement de terre après leur départ. Laïtha mourra en donnant naissance à une petite fille, Sed. Peu de temps après, Selvah mettra au monde un second garçon, Khan. La famille ne cesse de se déplacer, majoritairement vers le sud-ouest, où se dresse une chaîne de montagnes qu'Adakhan veut traverser.
La question de savoir s'il s'est agi d'un voyage dans le temps, dans l'espace, ou dans les deux dimensions à la fois, reste ouverte à la fin du volume, comme reste en suspens le destin d'Abhül, dont on se doute qu'il ne s'entend pas vraiment bien avec son frère.
Ce roman, plus encore que les deux précédents, rappelle au lecteur que la Science-Fiction est autant l'héritière du roman philosophique, voire initiatique, que du merveilleux scientifique. Toute cette saga est en fait à peu près inclassable. Elle est ambitieuse de par son ampleur et la variété des situations qui y sont figurées, mais aussi parce que le thème central y est celui du pouvoir, et de ses différentes déclinaisons. Il y est question aussi de l'idée que l'on se fait de l'évolution de l'être humain, d'où les nombreuses citations en exergue d'auteurs comme Nietzsche ou Jünger.
On y remarquera d'ailleurs que, quelle que soit la situation, les femmes, et les qualités le plus souvent associées, à tort ou à raison, à la féminité, n'y ont jamais aucun pouvoir réel. C'est d'ailleurs l'un des éléments qui trahissent la date d'écriture de la série. Un autre de ces éléments est la part prise par les débats philosophiques, intérieurs ou entre les personnages, qui prennent vraiment beaucoup de place. Cela dit, cet aspect correspond au côté "roman philosophique", ou initiatique, ou humaniste, de la saga, plus fréquent dans les années quatre vingts, et conviendra sans doute parfaitement aux lecteurs attirés par cette forme particulière de SF.
Cela pourra en revanche rebuter les lecteurs attirés par l'aspect le plus "extérieur" de l'histoire, et c'est bien dommage car elle a en soi un potentiel séduisant, avec beaucoup d'idées inusitées (je pense notamment au "rétrécissement" des Périphériens et de la réalité physique qui les entoure, mais il y en a d'autres).