Les Chroniques de l'Imaginaire

Retour au pays - Prélude à L'assassin royal et aux Aventuriers de la mer - Hobb, Robin

De haute naissance, dame Carillon de Rochecarre tombe de haut quand elle découvre que son époux a conspiré contre le Gouverneur Esclépius de Jamaillia et qu'en conséquence ils ont tout perdu. Ils n'ont sauvé que leur vie, et encore : à condition de partir s'installer comme colons sur les rives du fleuve du Désert des Pluies. Les conditions de vie sur le navire sont épouvantables, mais encore en deça de ce qui attend les voyageurs à l'arrivée : le bateau s'endommageant rapidement au contact des eaux corrosives du fleuve, le capitaine débarque violemment les exilés dans un marécage inhospitalier, quasiment sans provision ni matériel.
Tandis qu'une petite équipe est envoyée à la recherche d'un lieu où s'installer sans avoir les pieds dans l'eau, le gros des survivants tente désespérément de s'organiser avec leurs maigres ressources. Carillon, habituée au luxe, va devoir complètement changer d'attitude pour trouver sa place dans le groupe.
Le Désert des Pluies n'est pas sain. Certains colons sont assaillis par des rêves étranges, se souviennent d’événements qui ne sont jamais arrivés, entendent des musiques lointaines ou sombrent dans la folie. Pour survivre, il va falloir apprendre à composer avec le pays, sans s'opposer à lui.

Retour au pays nous fait découvrir les premiers temps des colonies installées sur les Rivages Maudits. Les personnages que nous croisons ici sont les ancêtres de ceux que nous verrons dans Les Aventuriers de la Mer, et l'Art qui imprègne la cité abandonnée est clairement apparenté à celui de L'Assassin Royal. Pourtant, quand on a déjà lu ces deux cycles, on reste sur notre faim car on n'apprend finalement pas grand chose dans ce très court roman, qui est en fait plutôt une longue nouvelle. On aimerait que l'histoire soit plus développée, plutôt que de reprendre les éléments de l'univers évoqués dans les autres romans sans guère y ajouter.

Pourtant, ce format court a aussi du bon : en effet, il n'y a pas de place pour les longueurs et les longs auto-apitoiements des personnages qui caractérisent généralement les écrits de Robin Hobb. Du coup, on a un personnage principal qui affronte les difficultés avec courage, se révélant au fil des épreuves, mais qui n'a pas le temps de tomber dans le larmoyant. Et comme l'auteure écrit bien, on a finalement un récit qui se lit plutôt agréablement.

Je ne le conseillerais pas à ceux qui veulent découvrir l'auteure, mais plutôt aux fans qui veulent connaître la moindre bribe d'information sur son univers.