Madame rêve... On pourrait imaginer beaucoup de choses derrière ces deux simples mots. On peut aussi y coller un titre d'Alain Bashung. Un titre que se remémore cet amoureux éconduit, alors même qu'il entreprend une filature pour savoir ce que fait celle qui sera bientôt son ex, en rentrant de plus en plus tard au fur et à mesure où les jours passent. Un ancien amoureux, donc, qui ne peut s'empêcher de penser aux débuts de cette relation, de penser au moment où cela a commencé à moins bien se passer. Et si c'était tout simplement inexorable ?
Et puis, il y a cette jeune maman, que papa a quitté, et qui se retrouve seule à devoir élever son bébé. Un bébé pas simple, qui passe le plus clair de son temps à hurler. Mais peut-être est-ce lié à un cercle vicieux que la jeune maman, trop jeune et trop seule, ne peut pas briser ? Un cercle vicieux qu'on ne peut quitter que par la violence, alors que la jeune maman ne cherche qu'un break, même de quelques heures ?
Et il y a aussi cette mère, qui passe beaucoup de temps à s'occuper de sa carrière. Après tout, son fils est encore très jeune, et son père a tout son temps pour s'occuper de son fils. Alors, elle, elle peut bien passer plus de temps à soigner sa future présentation, d'autant que celle-ci, encore une fois, est d'une importance capitale, non ? D'autant que la présentation en question va superbement se passer, et qu'il faudra rester encore un peu plus tard au travail, histoire de répondre aux dernières questions, histoire de montrer une certaine réactivité. Oui, mais que pensera le fils en question, dans quelques années ?
C'est avec un grand plaisir qu'on retrouve ici l'écriture acérée de Ludovic Joce, un jeune auteur qui nous avait régalé à l'époque de la sortie de Point de gravité, un roman qui vient d'ailleurs d'être réédité aux éditions du Jasmin.
Madame rêve est ainsi un recueil de huit nouvelles, toutes assez courtes, mais toutes avec le même traitement coup de poing : les personnages, souvent cassés dans la vie, sont dépeints de manière efficace en quelques mots, en quelques lignes, et la force de Ludovic Joce est de faire en sorte qu'on s'y attache, de façon quasi instantanée. C'est bien simple, on reste scotchés devant chacune de ces nouvelles, et il est impensable de les lâcher avant d'en avoir terminé avec ce recueil.
Ludovic Joce aime raconter des histoires qui font mal, sans pour autant négliger l'espoir de revenir dans une situation meilleure. C'est ce qu'on ressent à la lecture de ce recueil qui paraît aux éditions Inédits. Huit petites histoires qui sont autant de coups de poings, et qu'il faut faire découvrir au plus grand nombre !
