Rappelez-vous, Dohan, le frère de Tiss à la jambe brisée dans son enfance. Un nain du bouclier, aussi intelligent soit-il, ne pourra jamais obtenir le respect de ses pairs en boitillant sur le champ de bataille. Malgré un sens tactique supérieur, une loyauté sans faille et un grade de capitaine, ses compagnons le méprisent.
Seul son chef, le seigneur de guerre Abokar, connaît sa juste valeur mais celui-ci perd la tête et ne peut en aucun cas perdre la face et afficher sa faiblesse face aux autres nains. Être aidé par un handicapé ? Plutôt crever !
Pourtant, dans la bataille du fleuve, sans l'intervention de Dohan, les nains du bouclier auraient été submergés par la horde de Driza et Jarj. Sans la fidélité de Dohan, Abokar aurait été massacré. A moins que le grand général n'eût cherché un suicide héroïque...
Les Nains sont un grand sujet, nous voici déjà au tome dix et, plus précisément, avec la lointaine suite de l'histoire de Tiss du bouclier. Si Jarry démarre judicieusement son récit par une belle scène de bataille et des rapports humains (nains ?) intéressants, Dohan étant un héros original, la deuxième partie de l'aventure devient très commune. J'ai eu, en effet, l'impression de lire pour la troisième ou quatrième fois le même dénouement, ce poncif du vieux guerrier exceptionnel à aller tirer de sa retraite pour sauver la situation. Qui n'est pas aidé, vu qu'en outre, l'ambiance et la tension se relâchent complètement. Il n'y a pas vraiment de sentiment d'urgence ou d'effroi par rapport à l'ennemi principal.
De plus, cet antagoniste m'a laissé un sentiment de manque de finition. D'autres pourront dire que cette menace venant de par-delà un grand mur ressemble fort à une série de fantasy bien connue (en tout cas, le rythme est bien plus élevé ici). Ou alors, mes attentes allaient dans une autre direction. Ces nains exclus m'ont vite fait penser aux terribles nains du chaos de Warhammer et sans doute que mon esprit de rôliste aurait voulu voir ces charmants cousins en action.
Sinon, rien à dire d'autre que ce que j'ai écrit dans la chronique de Tiss du bouclier au sujet du dessin. Demare est doué et continue d'afficher son talent.
Bref, un tome en demi-teinte, à l'introduction captivante mais à la conclusion réchauffée et déjà vue.