Après des études d’art brillantes, Kris a dû se résoudre à laisser ses prétentions artistiques derrière elle. Le poids de la célébrité de Zirconium, collectif de photographie conceptuelle qu’elle formait avec son amie Erin, était trop lourd à porter pour une personne aussi vulnérable aux critiques qu’elle. Un bref passage par la photographie judiciaire l’a également convaincue que ce domaine n’était pas pour elle. À presque 30 ans, elle s’interroge toujours sur son choix de carrière mais s’épanouit globalement entre ses missions free-lance de photographie commerciale à Londres et sa vie de couple en pointillés avec un célèbre street artist français, Anton.
Un soir pourtant, elle reçoit un curieux message sur sa boîte mail, intitulé "Exposition 1", qui contient la photographie d’un crime qu’elle a couvert plusieurs années auparavant. Bientôt, elle a l’impression d’être traquée sur Internet comme dans la vraie vie.
Regarde-moi est un thriller rythmé avec une protagoniste qu’il est agréable de suivre. On compatit vite aux différents tourments amoureux et professionnels de Kris puis, à mesure que l’étau se resserre autour d’elle, aux drames plus conséquents qui la frappent. La narration à la première personne, du point de vue de Kris, laisse la part belle à ses émotions. La manipulation de la vie de Kris et de ses proches sur Internet, et ses répercussions sur leur vie « réelle », sont tout bonnement glaçantes. On se prend à retenir son souffle à chaque nouvelle « Exposition ».
Deux éléments sont venus nuancer – légèrement – mon enthousiasme pour cet ouvrage. Tout d’abord, la relation de Kris avec son conjoint est très peu satisfaisante. Difficile de commenter ce fait sans trop en dévoiler mais j’ai véritablement eu envie d'en prendre un pour taper sur l'autre. Plutôt qu’un défaut, je pense que la force de ma réaction aux comportements de Kris et d'Anton témoigne surtout de l’authenticité de leur caractère, de l’attachement et de l’empathie que l’on a pour Kris, ce qui constitue l’une des grandes réussites d’Aga Lesiewicz, comme je l’ai évoqué plus tôt. Ensuite, l’identité du manipulateur est facile à deviner pour un lecteur attentif. Mes soupçons se sont orientés vers la bonne personne avant la page 50 du roman et il peut être un peu frustrant de suivre une héroïne totalement aveugle à certains indices.
Malgré ces petits bémols, on ne peut que recommander la lecture de Regarde-moi aux fans de thriller. La photographie et le street art n’apparaissent qu’en arrière-fond du récit mais y apportent une note particulière qui saura aussi plaire aux amateurs de ces arts !
