Le Rossinante est bloqué à quai pour un long bout de temps, sa carcasse ayant trop souffert lors de l'évacuation de New Terra / Ilus. Le capitaine Holden passe un accord avec Fred Johnson de l'APE pour laisser le vaisseau en réparation sur Tycho et laisse quartier libre à son équipage.
Des vacances. Après toutes leurs aventures, les membres de l'équipage d'Holden en sont étonnés eux-mêmes. Amos se dépêche de rallier la Terre pour rendre hommage à une personne qui lui était chère. Alex prend une navette pour Mars. Jim et Naomi comptaient assister aux réparations du Rossi' jusqu'à ce que Naomi soit appelée d'urgence à l'aide par une ancienne connaissance sur Cérès... Ce qui laisse Jim seul pour la première fois depuis longtemps.
Le capitaine sans navire va prendre ce temps pour régler certaines choses avec Johnson, le représentant de l'APE, et donner un coup de main à la fameuse journaliste Monica Stuart qui enquête sur la disparition de plusieurs vaisseaux vers les Anneaux.
Les jeux de Némésis (encore un titre insensé) se compose de six cents pages. Je vais commencer par le pire avant de finir par le meilleur.
La première moitié de ce roman est immonde et cumule tous les défauts de cette série. Corey nous repropose une enquête. Comme Holden se sent un peu désœuvré, il fait des recherches sur les disparitions de vaisseaux. Franchement, le trois centième meurtre d'un vieillard châtelain dans le comté de Midsomer est plus crédible. Vous connaissez le duo d'auteurs. Il ne se passe rien pendant la première moitié du bouquin. Corey ne développe rien, noircit des pages et des pages pour ne rien dire et puis... enquête résolue ! Tout le monde est opportunément au bon endroit pour suivre tous les événements grâce ou à cause de la narration par personnages et de leurs congés qui les ont envoyés bien loin les uns des autres. Ce qui me permet, toutefois, de devoir supporter Holden moins longtemps. Malheureusement, son agaçante compagnie est remplacée par celle de Naomi en solo, amorphe dans un mélodrame pénible et neuneu.
Ce n'est pas mieux (un peu plus supportable quand même) pour Amos et Alex, dans le genre Amos chez les méchants de Baltimore (dessiné par Marcel Marlier) et Alex va revoir son ex-femme sans savoir pourquoi et se fait dégager.
L'équipe fonctionne ensemble, à part pour de la triche narrative, pourquoi la séparer ?
Je ne vais pas m'attarder sur le style d'écriture toujours aussi basique ni sur la qualité des dialogues (Avasarala tweeterait plus grossièrement que le président US actuel et arrêtez avec ce vouvoiement fatigant). L'un et l'autre donnent l'impression que les auteurs n'auront pas des masses de travail pour transformer ce script en épisodes pour la série télévisée. Si un épisode en images de quarante-cinq minutes ne demande pas des masses de développement ou de construction (il y a des images !), du côté littéraire, il y a plus de travail. Du boulot qui n'est pas juste du remplissage genre quête secondaire pour gagner des niveaux ou montrer que ce personnage il-est-trop-fort pour le plaisir d'un public adolescent qui ne se sent plus. Cela fait aussi partie du rôle de l'éditeur de tempérer l'auteur.
Si le décor spatial ne sert plus qu'à rappeler l'étiquette de science-fiction de The expanse, il retrouve tout son sens une fois ces trois cents premières pages passées. Nous avons une grosse révélation. Des gros changements. Et des explosions. La tension s'élève enfin. Après une période de calme moribond, le changement de rythme est le bienvenu. L'histoire s'accélère. Ce livre devient, enfin, ce qu'il veut être : un thriller spatial dont les pages tournent vite, facilement. Sans être extraordinaire, la deuxième partie des Jeux de Némésis est prenante et efficace. Elle fait son job de roman d'aventure SF pop-corn.
Alors, finalement, est-ce que ce retournement de situation vaut qu'on s'ennuie comme un rat mort pendant une introduction sans fin ?
Aucunement, à moins d'être un grand amateur de la série (en particulier si vous avez aimé le tome quatre) ou un ado impressionné par les muscles et la répartie d'Amos.