Sur une île paradisiaque, la vie s'organise autour de l'établissement de Libertalia, sous l'emprise de deux hommes. Olivier Misson, d'un côté, n'hésite pas à troquer des biens et de la nourriture contre de l'or, ou encore des fioles de rhum. Carracioli, lui, connaît les ravages que l'alcool peut infliger aux cerveaux humains. Pour lui, l'argent et l'alcool sont à proscrire, et seule la bonne volonté de chacun pourra faire en sorte que Libertalia soit une véritable réussite.
Mais les événements ne donnent pas raison à Carracioli. Les hommes s'ennuient, sur leur île, et Misson part bientôt en mer afin d'y piller les navires qu'il croisera. L'idée est de trouver de l'or qui permettra de se défendre, et également de délivrer les esclaves noirs qui sont légion sur les navires européens. Misson parvient surtout à trouver des esclaves, pour le plus grand bonheur de Carracioli. Mais il sait aussi que de l'or est nécessaire. Le roi de France ne devrait plus tarder à débusques les Liberi...
Pendant l'absence de Misson, le commandement est donné à Carracioli. L'ancien prêtre ne sait plus trop où donner de la tête, entre le troc qui se développe alors que l'or est interdit sur Libertalia, et les disputes qui éclatent, notamment à propos des femmes locales. Des décisions brutales doivent être prises, qui n'emportent pas l'adhésion de tous. Surtout lorsqu'il est question d'interdire l'alcool...
Les visions de Misson et de Carracioli à propos de l'établissement de Libertalia diffèrent franchement, dans ce second tome de Libertalia, un triptyque toujours dessiné par Paolo Grella, et scénarisé à quatre mains par Rudi Miel et Fabienne Pigière. Encore une fois, les dessins et les couleurs du dessinateur italien, à qui on doit des séries comme Le manuscrit interdit ou Galkiddek, sont superbes. C'est vraiment beau et certaines cases sont pleines de mouvements, notamment cette impressionnante attaque de requin ou ces batailles navales parfaitement rendues.
Du côté de la narration, ce second tome est franchement plus réussi que son prédécesseur. Là où on pouvait avoir l'impression que cela allait bien trop vite dans le premier tome, on a ce défaut qui est beaucoup moins présent ici. Les auteurs prennent plus leur temps, à nous raconter la façon dont cette mini société se met en place. On assiste impuissants à la dérive des hommes, et ceci est particulièrement terrible pour le lecteur. On se dit que, même à petite échelle, l'Homme n'est pas fait pour s'entendre à merveille. Ses défauts, ou plutôt ses démons, finissent toujours par éclater au grand jour...
Un second tome plus réussi que le premier, même s'il n'est pas complètement exempt de petits défauts. Une série intéressante, à la fois pour le côté pirate et pour la façon dont il essaie de faire émerger une nouvelle société...