C'est à contre-cœur que Koji suit le groupe de mixbodies qui vient d'épargner son père, notamment grâce à l'intervention de Bee devant le bras vengeur de Pig. La tension est retombée, et Bee présente son groupe à Koji, en lui expliquant qu'ils préfèrent parler d'Epiphanian, au lieu de mixbodies. Beaucoup d'entre eux n'ont pas eu la chance, comme Koji, de grandir dans une famille aimante. Pour beaucoup, c'était bien pire...
Et Koji s'en rend compte, notamment lorsque Bee lui raconte son enfance chaotique, parquée avec d'autres Epiphanian dans ce qu'on peut appeler des camps de concentration pour Epiphanian. Des camps avec des expériences scientifiques menées par des hommes sans pitié ni éthique. Des camps où c'est la haine des humains qui s'est développée. Une haine qui semble d'ailleurs se développer naturellement : même Koji la ressent, et il ne peut que culpabiliser devant l'envie grandissante de tuer son propre père, celui qui l'a toujours aimé depuis qu'il l'a trouvé dans son jardin...
Alors, Koji décide de fuir sa vie d'avant et son père, en suivant son nouveau groupe d'amis. Une fuite vers sa destinée, qui commence par l'amener dans les montagnes où se sont écrasées les trois météorites qui sont apparues le soir où les Epiphanian sont apparus. Les lieux sont étroitement surveillés par l'Armée, et les météorites ont été emmurées. Et on comprend pourquoi lorsqu'on voit les effets que ces dernières produisent sur les Epiphanian. Comme les autres, Koji fait preuve d'un développement physique impressionnant au contact des météorites. Une aubaine qui va leur permettre d'attaquer de front l'armée, et de sortir de prison un dénommé Vespero...
Ludovic Debeurme nous enchante avec ce second tome de sa série, Epiphania, qui continue de paraître chez Casterman. Le livre est l'occasion de suivre Koji, personnage principal et toujours aussi attachant, dans une étrange mutation qui va le conduire à assister aux pires atrocités envers les êtres humains. La série est clairement destinée à nous faire réfléchir, en tant qu'humains, sur les dégâts que notre propre espèce inflige à la planète, dans une course au profit toujours plus importante, et qui nous paraît si inexorable...
Les dessins de Ludovic Debeurme tirent toujours sur la fameuse ligne claire, et disposent ainsi d'une lisibilité extraordinaire. Le découpage des cases y est aussi pour beaucoup : on a de grandes cases rectangulaires toutes droites, qui semblent sorties d'un temps très ancien, et qui pour le coup redeviennent originales tant on n'a plus l'habitude de voir cela.
Des dessins toujours soignés qui empruntent à l'ancien et au moderne à la fois (ce qui est un vrai tour de force d'originalité), un texte intelligent aux thèmes écologiques très forts, une narration au diapason : il est clairement impensable de passer à côté de cette série !