Les Chroniques de l'Imaginaire

La Toile du destin (La Nébuleuse d'Héra - 1) - Wallon, Lydie A.

Année 3602. Sur Terre, la civilisation s'est éteinte depuis longtemps, la planète n'est plus habitable. Heureusement, l'Humanité a pu émigrer dans un autre système, le système solalien, couramment appelé Nébuleuse de Héra. Ses planètes habitables ont été réparties en fonction de critères génétiques : les humains pure souche se sont installé sur Huma, la race homogène obtenue par eugénisme sur Héra et Bali, et les anifahs créés par hybridation animale sur Goa. Les relations entre ces trois courants d'humanité sont mauvaises, les homogènes exploitant peu ou prou les deux autres races, qu'ils jugent inférieures. Un état de fait qui ne gêne personne, ou presque.

La scientifique homogène Kendhal regagne Héra après une mission d'études d'un an dans le système solaire, quand son vaisseau s'échoue dans la jungle. Elle est sauvée par l'intervention inopinée de Rajan, un humain rebelle qui appartient à l'Organisation des égoutiers, qui veulent renverser l’hégémonie homogène. Au contact l'un de l'autre, ils vont finir par accepter leurs différences... voire plus !

Dans le même temps, Cassandre, une humaine, a été enlevée par des homogènes ; sa mémoire effacée, elle est contrainte de servir dans un établissement clandestin où l'élite homogène vient s'encanailler. Son frère jumeau Magnus s'est lancé sur ses traces, mais est confronté à trop forte partie.
Enfin, le commissaire Ravori enquête sur des meurtres touchant le gratin de la société homogène.

L'autrice Lydie A. Wallon combine ces diverses trames, qui vont bien évidemment se rejoindre, pour nous proposer à la fois une romance entre deux êtres que tout oppose et une enquête policière, sur fond de complot mystérieux. Le tout baignant dans une ambiance science-fiction, puisque nos héros évoluent sur des planètes qui ne sont pas la Terre. Et au premier plan de toutes ces réflexions, des inégalités raciales à très grande échelle, puisque la mixité est carrément interdite.

Au niveau du scénario, j'ai donc été satisfaite. Le roman ne brille pas particulièrement par son originalité, mais on finit par se prendre au jeu et par désirer en savoir plus sur le devenir des divers personnages et sur la manière dont les différentes intrigues s'agencent entre elles. Car ces personnages, même s'ils manquent souvent de nuances, sont finalement assez sympathiques pour qu'on s'y attache. Les mondes décrits font preuve d'une diversité bienvenue, que ce soit dans les villes ou les zones naturelles, la faune ou la flore : La touche d'exotisme est bien présente. Et même une pointe de magie, que je vous laisse découvrir.

Pourtant, le début commence vraiment (trop) doucement, ce qui laisse tout le temps au lecteur de pointer du doigt les faiblesses du récit. Pour ma part, j'ai été gênée par des explications un peu trop faciles pour la crédibilité du récit : par exemple, "les avancées de l'aérospatiale" permettent de passer d'un système planétaire à un autre en quelques heures, et hop, le tour est joué, bien pratique pour le récit ; on a besoin que Kendhal se perde dans un lieu sauvage ? et hop, son vaisseau se crashe sans aucune explication. Ce ne sont que deux exemples parmi tant d'autres. A la longue, ces facilités scénaristiques trop souvent répétées nuisent totalement à l'immersion dans le récit.

J'ai également été peu convaincue par le style, que je juge plutôt basique : On sent quelques efforts de vocabulaire, mais cela reste assez plat, notamment dans les dialogues. Du coup, on relève d'autant plus les quelques maladresses et fautes de grammaire qui ont échappé à la relecture/correction. Heureusement, à mesure que j'ai été prise par le récit, j'ai pu mettre un peu de côté cette plume qui manque de finesse à mon goût.

Dernière petite remarque négative, mais là c'est vraiment du détail : J'aime à m'assurer de la finition d'un livre numérique. Notamment, j'apprécie une table des matières propre, car il m'arrive de changer de support de lecture en cours de route et cela me permet de naviguer agréablement. Ici, les chapitres 2 et 3 ont mystérieusement disparu de la table des matières : dommage.

Au final, c'est donc une lecture dans laquelle j'ai eu un peu de mal à rentrer, mais qui a fini par me faire passer un bon moment, et c'est l'essentiel. Notons également que, bien qu'il s'agisse d'une série, ce premier tome se suffit tout à fait à lui-même, ce qui est appréciable.