Les Chroniques de l'Imaginaire

Paris 1855 (La fille de l'Exposition Universelle - 1) - Manini, Jack & Willem, Étienne

Nous sommes à Paris, en 1855. La ville est en effervescence car, sous l'impulsion de l'Empereur Napoléon III, elle est sur le point de montrer au monde un visage nouveau, autour de l'Exposition Universelle qui est sur le point de démarrer. Mais s'il est une chose qui n'est pas sur le point de changer, c'est bien les crimes qui sont commis dans la capitale. Et il se trouve que cette nuit, c'est Maria Zambelli, une danseuse étoile parisienne proche de Napoléon III, qui en fait les frais : elle est pendue par une bande de quatre gredins qui cherchent justement à éliminer l'Empereur...

La scène n'a pas eu de vrai témoin direct, si ce n'est une jeune fille, Julie Petit-Clou, une jeune fille qui vit avec sa mère dans une roulotte de voyance voisine de l'Exposition Universelle. Julie a eu la vision cauchemardesque du meurtre, et cela ne passe pas inaperçu lorsqu'elle découvre la scène du crime, au petit matin, parmi les badauds, notamment auprès du commissaire Murger.

De son côté, l'Empereur est dévasté suite à la disparition de Maria Zambelli, avec qui il devait être plus qu'intime, à l'occasion... Il en parle à Ferrand, un de ses amis fidèles, qui revient d'une campagne en Algérie. Ferrand est attaché au fait de rendre leurs terres aux Algériens. Il n'a pas hésité à se convertir à l'Islam pour pouvoir être marié à Fella, une resplendissante Algérienne qui l'accompagne à présent pour l'inauguration de l'Exposition Universelle.

Mais les choses vont vite mal tourner : Fella sera bientôt enlevée par des malfaiteurs, et il faut encore tous les dons de voyance de Julie Petit-Clou pour se rendre compte que les ravisseurs ne sont autres que ceux qui ont tué Maria Zambelli. Des ravisseurs que Julie a vu plusieurs fois en rêve, et qu'elle est maintenant en mesure de reconnaître. Ni une ni deux, voilà Julie invitée à accompagnée Ferrand dans les couloirs de l'Exposition Universelle, afin de tenter de reconnaître les ravisseurs. Une stratégie qui pourrait bien vite s'avérer payante...

La fille de l'Exposition Universelle est un one-shot qui sort dans la collection Grand Angle des éditions Bamboo. C'est Jack Manini, à qui on doit le récent Arthur Cravan dans la même collection, qui est ici au scénario, laissant les dessins à Etienne Willem (à qui on doit chez Paquet les séries L'épée d'Ardenois et Les ailes du singe).

C'est donc avec un grand plaisir qu'on attaque ce one-shot produit par des auteurs de renom. La couverture et les planches sont de toute beauté : les personnages ont une véritable gueule, une personnalité graphique qui est propre au style d'Etienne Willem ; c'est beau, détaillé, et également parfaitement coloré, grâce au talent de Tanja Wenish. Par ailleurs, on se régale avec les architectures et les décors parisiens de l'époque, qui achèvent de nous mettre parfaitement dans l'ambiance.

Le récit, quant à lui, sera mené tambour battant, allant même jusqu'à proposer un rebondissement aussi surprenant qu'inattendu. Un constat intéressant dans ce one-shot, qui lui permet de glaner alors une jolie part de surprise et d'originalité, alors que la première moitié pourrait justement être qualifiée d'un brin trop classique.

Il ne faut pas toujours faire confiance à tous les personnages estampillés comme étant gentils, lorsqu'on parle de neuvième art, et Jack Manini et Etienne Willem nous en font joliment la preuve dans ce one-shot. A lire et à relire, par le plus grand nombre, sans modération !