Barthélémy Lécriveur est un homme sans attache. Venu des forêts des Hautes Brandes où il a perdu la mémoire, il se rend dans la ville de Terrèbre à la poursuite d’un rêve : il souhaite s’embarquer pour les îles. Une servante, elle-même animée d’un rêve, pressent que tel n’est pas son destin et l’incite à prendre un emploi en ville. C’est ainsi que le voyageur devient veilleur de jour dans un antique entrepôt empli de mystère et bordé d’un cimetière.
Le Veilleur du Jour, s’il s’inscrit dans le même univers que Les Jardins Statuaires, peut se lire de manière totalement indépendante. Ce roman est écrit dans le même style, très imagé. On sent que l’auteur attache une grande importance à la forme et prend soin du choix de ses mots. Ces effets de style très recherchés s’avèrent cependant plus laborieux à la lecture que pour Les Jardins Statuaires, surtout lorsqu’ils concernent des scènes érotiques, très nombreuses dans ce roman-ci, et qui en deviennent ou ridicules ou agaçantes de longueur. Je dois avouer avoir sauté bien des pages pour cette raison.
Le Veilleur du Jour se distingue fortement du premier roman du cycle des Contrées par son rythme : il n’est pas ici question de la découverte d’un pays et de ses mœurs mais de celle, plus statique, d’un entrepôt labyrinthique et de complots politiques. Ceci, couplé au style fleuri mentionné plus tôt, a diminué mon attrait pour sa lecture.
Certaines scènes sont cependant très réussies, comme celles du festival ou de l’arrivée en ville. Le roman comprend aussi quelques personnages attachants, comme un fonctionnaire de police intègre ou un universitaire passionné.
Pour conclure, il s’agit d’un roman un cran en-dessous de son prédécesseur mais qu’apprécieront les fans de Jacques Abeille.