Paris, en l'an de grâce 1590.
La cité est sous la coupe de la Sainte Ligue Catholique. Opposée à Henri IV, elle subit le siège du nouveau roi de France qui veut s'imposer malgré son origine protestante.
Dans cette ville assiégée, Jonas, un jeune protestant, tente de retrouver son père disparu pendant le massacre de la Saint-Barthélemy. Si il ne l'a pas encore retrouvé, il y a découvert l'amour en la personne d'Oriane, fille d'un apothicaire passionné d'alchimie. Malheureusement, le père d'Oriane est condamné à la pendaison par la Sainte Ligue Catholique, tandis qu'Oriane est emmurée dans la cellule de recluse au milieu du cimetière des Innocents.
Jonas tente tant bien que mal de délivrer sa bien aimée de la cellule sans attirer l'attention. Mais, chacune de ses tentatives se solde par un échec. De plus, il empire la situation en faisant passer Oriane pour une sainte capable de miracles, attirant les foules et l'intérêt du curé de la paroisse des Saints-Innocents toujours prêt à gagner plus d'argent, de notoriété. Ce que Jonas ignore, c'est qu'il a également attiré l'attention d'un homme masqué qui se terre sous le cimetière des Innocents …
Voilà que l’excellent duo, Philippe Charlot et Xavier Fourquemin, ayant finalisé Le Train des orphelins, reprend du service pour une nouvelle série. Là encore, il s’agit d’une série fortement inspirée de lieux et d'événements historiques, cette fois ci dans la France du XVIème siècle. Néanmoins, l’illustrateur de la Légende du Changeling retrouve ses habitudes avec l’empreinte fantastique apportée par la pierre magique léguée à Oriane par son père. Et c’est tant mieux ! On retrouve avec plaisir son trait si caractéristique dans la galerie de personnages accompagnant les deux héros, parfois assez proche des créatures fantastiques qui peuplent ses anciennes planches. Le tout dans des décors et des bâtisses saisissant de réalisme, rehaussé par les couleurs de Hamo.
Les planches s'accordent très bien avec le scénario un tantinet prévisible de Philippe Charlot. Mais l’intérêt de cet album ne réside pas dans son intrigue poussée. En effet, par-delà une première partie plutôt amusante lorsqu'on suit les déboires d'un Jonas transi d’amour et gaffeur (et heureusement accompagné par un lansquenet qui lui sert d’ange gardien), le scénariste n'hésite pas à égratigner la société machiste de ce XVIème siècle tout en conspuant les dérives du catholicisme de l'époque, plus occupé par les accumulations de gloire et de richesses matérielles que par les richesses morales.
Le bras de saint Anthelme conclut le premier cycle du Cimetière des Innocents sur une fin heureuse, mais gageons que nous retrouverons notre très attachant couple de tourtereaux dans de nouvelles aventures prochainement.