La fin du vingt-et-unième siècle n'est pas vraiment enviable, en terme de cadre de vie pour les humains. Alors que la couche d'ozone diminuait, les scientifiques ont tenté de faire muter le génome humain, afin que l'Homme du futur devienne plus résistant face aux rayonnements solaires de plus en plus importants. Mais l'expérience a été un franc fiasco : les hommes ayant subi la transformation se sont transformés en êtres qui ont tout des zombies. Des êtres violets, qui deviennent de plus en plus grands et difformes avec le temps, dont la morsure a le même effet que les zombies, et que l'on nomme... Les Violets !
Justement, Janski est l'un d'entre eux, mais lui c'est assez différent. Il est né comme cela, et il n'est pas assoiffé de sang humain comme ses confrères. Mieux que cela, il a fait la connaissance d'une jeune humaine nommé Doloréanne. Janski représente ainsi un formidable espoir pour sauver l'humanité, avec ce qui pourrait être un vaccin. Mais deux choses : d'abord, Janski a besoin d'écouter constamment de la musique pour ne pas devenir le pire des Violets, absolument incontrôlable. Et seconde chose : Janski doit se rendre à Tower City, la dernière ville qui est un rempart efficace contre les Violets. Une ville où il est difficile d'entrer, et où les contrôles à l'entrée sont drastiques...
Et c'est le Sergent Jean-Serge qui supervise les contrôles en question. Ces derniers sont effectivement impitoyables, pour les migrants qui espèrent enfin trouver un peu de paix en venant à Tower City. Mais Janski passe le contrôle sans aucun souci, à son grand étonnement... Voilà à présent qu'il va pouvoir aller à une adresse de Tower City qu'il a apprise par cœur, à une époque où il était auprès de Doloréanne. Une adresse où l'accueil sera bien étrange, et bien loin de ce que Janski attendait...
Janski Beeeats est un one-shot vif et coloré, qui est le premier livre à paraître dans la collection Une case en moins, chez Delcourt. Il s'agit d'une collection dirigée par Davy Mourier (à qui on doit des séries comme La petite mort ou encore Axolot). L'idée est de mêler dans un projet de bande dessinée des artistes qui, habituellement, ne sont pas des auteurs de bandes dessinées. Ou en tout cas, pas encore...
Pour cette grande première, c'est ainsi Janski (de son vrai nom Jean-Sébastien Vermalle) qui est mis à l'honneur. Outre le fait d'être un illustrateur de très grand talent (il suffira de parcourir les planches détaillées, pleines de couleurs et de mouvements de ce Janski Beeeats pour s'en convaincre), il est également producteur de musique et DJ. Un homme plein de talents, en somme...
Car même au niveau de la narration, ça détonne à tout va. Le récit est vraiment maîtrisé, sans aucun temps mort. Le personnage de Janski, immédiatement attachant, a une tête violette tout ce qu'il y a dans l'air du temps, avec des expressions absolument fantastiques. Le découpage en chapitres, avec certains flashbacks, est parfait pour suivre cette histoire sans aucun mal, et l'auteur pense même à nous accompagner, pour peu que l'on se donne la peine de télécharger l'application qui va bien, histoire de bénéficier de quelques contenus exclusifs.
L'histoire est ainsi parfaitement amenée, et elle traite, avec beaucoup d'humour et des dialogues souvent très drôles, des thèmes mine de rien très sérieux, surtout en s'adressant à un public d'adolescents, où les adultes trouveront également sans problème leur compte. Cela parle de musique, d'écologie (forcément...), mais aussi d'acceptation des autres, du fait de devenir des moutons à force de regarder des émissions débiles...
Bref, un concentré de tout cela, plein d'humour et d'action, franchement travaillé, et diablement intelligent. Que demander de plus ?