En cette troisième année de son règne, le roi Nebudnedzar convie à Babylone tous les chefs de clan pour qu'ils se prosternent devant lui. A cette occasion, Hamor, le chef d'un petit clan de bergers, interpelle le grand roi. Courroucé, celui-ci décide de le garder à ses côtés tant qu'il n'aura pas trouvé le pourquoi de sa malédiction : nul ne peut le tuer. Hamor, très pieux et ayant juré de ne jamais tuer, est profondément troublé par les actions du terrible roi, qui n'hésite jamais à faire couler le sang.
Ce one-shot est le premier de la collection J'ai tué..., qui propose des récits complets sur le thème des crimes célèbres. Pourtant, à la différence des BDs suivantes de la collection, celle-ci ne s'appuie pas sur des faits historiques : Les auteurs ont interprété à leur guise l'Ancien Testament, avec le meurtre d'Abel par son frère Caïn. Il faut dire que le "premier meurtre de l'humanité" n'est guère documenté et laisse donc tout loisir de faire parler l'imagination.
La première question que le lecteur se pose en ouvrant cet ouvrage, c'est : Mais où sont donc Abel et Caïn ? En effet, le récit nous entraîne dans la Babylone antique. Pour les hommes de l'époque qui vénèrent Yahvé, les fils d'Adam et Eve ne sont que des personnages bibliques ayant vécu des milliers d'années auparavant. Pour Hamor en tout cas, puisque Nebudnedzar a pour sa part d'autres informations, qu'il va finir par révéler à Hamor. Bref, ne vous attendez pas à une transcription toute simple de cet épisode de la Genèse, les auteurs ayant complètement brodé autour du mythe an faisant jouer à fond leur imagination. Pour ma part, j'ai trouvé ça un peu déroutant, et des lecteurs croyants pourraient même juger le récit dérangeant. Si on oublie le titre de la BD pour se concentrer sur son contenu, on a un récit sombre et violent, où les séquences s'enchaînent sans temps mort, même si on a parfois du mal à voir comment elles s'agencent dans le récit global.
Les dessins de Guillaume Sorel sont très beaux, notamment dans ses vues de Babylone ou ses paysages désertiques. D'ailleurs, quelques dessins s'étalent en pleine page, des grandes cases immersives pour nous faire plus forte impression. J'ai parfois trouvé les traits trop durs, ou les pages pas assez colorés (elles sont à dominante jaune ou bleue) mais dans l'ensemble c'est agréable à l’œil.
Au final, j'ai plutôt aimé cette BD, mais je ne la juge pas exceptionnelle.