Après avoir connu des périodes de dépression très profondes, Yiyun Li s'est lancée dans l'écriture de ce livre comme une échappatoire. A mi-chemin entre confessions, philosophie et réflexions sur la vie, elle déambule au gré de ses pensées et de ses impressions, retraçant aussi son parcours personnel et professionnel.
Yiyun Li est née en Chine et a choisi avec son mari de partir aux États-Unis pour mener sa carrière d'immunologiste. Un choix qui l'a aussi poussée à s'éloigner d'une culture et d'une langue auxquelles elle ne se sent pas véritablement appartenir. Ce qui l'a façonnée ? En grande partie ses lectures, dont elle parle avec passion. Surtout des journaux et correspondances d'auteurs, qu'elle donne très envie de découvrir à notre tour : Stefan Zweig, Katherine Mansfield, William Trevor... Cette partie littéraire est très riche et intéressante.
Ses pensées sont moins enjouées. Elle évoque la notion de fatalisme, encense le mélodrame, comprend le suicide. Elle aspire à l'invisibilité. Yiyun Li semble avoir peur de vivre, de ressentir, d'espérer. Elle donne l'impression que tout glisse sur elle et pourtant ses phases dépressives démontrent bien que ce n'est pas le cas.
Il n'est pas aisé de se sentir proche de cette femme qui donne l'impression qu'elle ne veut pas qu'on soit proche d'elle. La seule passerelle existante, c'est la littérature, art auquel elle s'adonne à plein temps désormais. Ce livre document ne touchera pas tout le monde, mais ses références littéraires sont autant de passages agréables pour les amoureux des lettres.
