Les Chroniques de l'Imaginaire

La voie du cygne - Kloetzer, Laurent

Jeophras Denio est un universitaire et inventeur excentrique dans la non moins excentrique ville de Dvern. Un jour, sa vie semble prendre une fâcheuse tournure. Son prototype de machine volante s’écrase, suscitant les moqueries de ses collègues, puis sa fille adoptive Carline est accusée du meurtre d’un noble et le frère cadet du prince de Dvern, le mystérieux et peu fréquentable Jaran, lui demande d’enquêter et le plonge de fait dans les méandres de la politique du royaume. 

Avec pour seule aide un garçon des rues, Alexis, Jeophras va devoir user de détermination pour faire innocenter Carline et percer les secrets des puissants du royaume. 

La voie du cygne est difficile d’accès au premier abord. L’auteur nous propose une illustration d’un jeu de l’oie assortie de ses règles puis une liste de personnages aux noms relativement compliqués et aux liens familiaux peu explicites avant de nous présenter Jeophras et sa fille adoptive dans un déroulé non chronologique. Je dois avouer avoir changé d’avis sur ce roman en cours de lecture. Je n’ai donc qu’un conseil à donner aux lecteurs : persévérez ! 

On se familiarise assez vite avec les noms des protagonistes. Malgré la longueur de ces noms, ils sont en effet très souvent raccourcis dans le texte. Ainsi, celui qui nous est présenté comme Danil Melki Daï Nelles dans les premières pages deviendra Danil ou Melki ou celle nommée Lara Daï Nelles deviendra tout simplement Lara.

En outre, on comprend en réalité rapidement que si Laurent Kloetzer nous fait à la fois suivre l’enquête de Jeophras, les événements du soir du meurtre et l’enfance de la victime, chacune des scènes nous fait bel et bien avancer peu à peu vers la résolution du mystère. 

Les personnages me semblaient au début quelque peu caricaturaux. La jeune et frêle Carline, le bon et génial Jeophras se démarquaient du rusé et débauché Jaran ou du tyrannique et sot Danil. Ce fut donc une très bonne surprise de voir mon jugement évoluer au fil de ma lecture, à mesure que j’en apprenais plus sur chacun. Il ne s’agit pas tant d’un basculement du côté des « gentils » ou des « méchants » que de l’acquisition d’une réelle profondeur pour tous ces personnages, y compris les plus secondaires. Ils apparaissent alors plus crédibles et l’histoire en profite. On se laisse prendre au jeu et les pages se mettent à défiler plus rapidement. Les péripéties et les révélations s’enchaînent de manière convaincante mais également surprenante. Le dénouement lui-même est tout à la fois attendu et inattendu. 

On regretta un peu que l’univers en arrière-fond ne soit pas plus détaillé ou pas plus exploré. L’auteur instille juste ce qu’il faut d’informations pour le rendre cohérent et attiser la curiosité mais cela reste un peu léger pour ceux qui, comme moi, adorent être assaillis d’une foule d’informations sur la culture et la vie des habitants peuplant les univers de fantasy.

En conclusion, La voie du cygne est un ouvrage que je recommande aux amateurs d’enquêtes policières, de low fantasy, de complots et d’intrigues politiques et familiales alambiquées.
Peut-être serait-il sage pour les moins téméraires de sauter les premières pages dans un premier temps pour ne pas s’effrayer inutilement, quitte à y revenir en temps utile en cours de lecture.