Les Chroniques de l'Imaginaire

La Grande Révolte (Frère Athelstan - 16) - Doherty, Paul

Ce mois de juin 1381, frère Athelstan est absent de sa paroisse de St Erconwald, bien qu'il en soit le curé. Et Dieu sait qu'il aimerait y être pour protéger ses ouailles en ces temps troubles de la Grande Révolte paysanne en Angleterre. Dans quelques jours, une troupe de paysans et de coupe-jarrets s'apprêtera à fondre sur Londres. Richard II et sa cour, réfugiés dans la Tour de Londres, ne pourront pas stopper les massacres qui s'y dérouleront.
A son corps défendant, Athelstan doit rester au prieuré de Blackfriars car le prieur souhaite qu’il s'occupe de deux affaires de la plus haute importance. La première est d'aider les émissaires du Pape dans leur enquête pour le procès en béatification du souverain anglais Édouard II, mort mystérieusement cinquante ans plus tôt. La seconde est d'enquêter sur le meurtre d'un des émissaires du Pape, retrouvé poignardé dans sa cellule verrouillée de l'intérieur.
Alors qu'il entame contentieusement son enquête sur le meurtre, Athelstan a le sentiment d'être suivi très discrètement dans tous ses déplacements dans l'abbaye. Sentiment vite confirmé par le carreau d’arbalète qui passe juste au-dessus de sa tête lorsqu’il est isolé dans la chapelle de l’abbaye…

Épaulé par Sir John Cranston, le coroner de Londres, réfugié à Blackfriars pour échapper aux émeutiers, Athelstan devra faire appel à toute sa perspicacité pour séparer le bon grain de l’ivraie dans les pensionnaires de l'abbaye. Ce qui ne l'empêchera pas de sortir ponctuellement de celle-ci pour assister aux événements les plus marquants de la Grande Révolte comme le lynchage de notables, terrés dans la Tour de Londres, ou la rencontre du roi Richard II avec les rebelles dans la plaine de Smithfield, qui mit fin au soulèvement.
L'action n'est donc pas un huis clos au sein de l'abbaye. Athelstan en sort plusieurs fois et les événements qu'il va vivre alimenteront son enquête. Paul Doherty réussit le tour de force de rendre vivantes ces heures sombres de la couronne d'Angleterre, en entremêlant les agissements d'Athelstan avec ces événements historiques. Fidèle historien, la vie quotidienne d’Athelstan et de ses compagnons est fidèlement retranscrite, voire un peu trop quand il s’agit des massacres perpétrés dans Londres. Le roman est constellé de mots moyenâgeux qui sont néanmoins assez simple à comprendre par rapport au contexte.
Au premier abord, ce roman rappelle furieusement Le Nom de la Rose, avec la succession de morts inexpliquées dans une abbaye confinée et un enjeu politique qui dépasse les protagonistes. Mais en fait, on se rapproche plus d'une enquête d'Hercule Poirot avec des indices disséminés aux fils des pages et un final où tous les suspects sont conviés pour être démasqués par les déductions astucieuses d'Athelstan.

Avec La Grande Révolte, Paul Doherty nous permet, grâce à la petite histoire d’Athelstan, de découvrir la grande Histoire de l’Angleterre tout en passant un moment agréable.