Pendant que le docteur Tachyon et le sénateur Hartmann se promènent sur notre planète bleue à la rencontre des as et des jokers internationaux à la façon "Martine fait du tourisme et aime les stéréotypes", il se passe des choses à New York.
Croyd alias Dormeur pieute dans la clinique de Tachyon, une ancienne star du rock sort de terre, la Tortue fait du ménage dans son garage, Brennan revient énervé et les élections présidentielles approchent. Si Hartmann semble être le candidat d'ouverture désigné depuis longtemps, son plus farouche opposant entre dans la danse : Léo Barnett, le télé-évangéliste ultra radical sur ses positions face aux infectés.
A un autre niveau, ça chauffe entre la mafia et les Poings d'ombre, un gang oriental. Plusieurs attaques ont massacré la tête de la Famille. Rosemary Muldoon/Gambione va suer pour rétablir son pouvoir sur la ville et rien n'est gagné.
Après un quatrième tome passablement à côté de la plaque, on revient dans le vif du sujet avec Down and dirty : des pseudos super-héros à la ramasse, un cadre urbain sale, concentré sur une petite surface, des tensions entre les norm' et les jokers, des secrets et de l'action. Les auteurs de ce volume font vivre leurs histoires, leurs personnages et l'univers de manière cohérente, ce qui rend l'atmosphère de ce bouquin juste et terriblement accrocheuse.
Il y a trois récits qui tiennent le squelette de ce Wild Cards. On les doit à Martin, Snodgrass et Zelazny. Que ce soit dans Tous les chevaux du roi où Martin nous conte la petite vie de Tom autrefois connu sous le nom de Tortue, Concerto pour sirène et sérotonine de Zelazny avec un Dormeur loin de sa meilleure forme ou dans Les liens de sang de Snodgrass - on a beau être un extraterrestre avec des pouvoirs psychiques, élever un gamin n'est pas simple quand tout va bien -, ces textes fonctionnent. Ils cadrent agréablement l'ambiance générale et semblent plus travaillés que d'habitude.
Ce cinquième opus se place, chronologiquement, en partie à cheval sur le voyage touristique pour le compte de l'OMS. Il est divisé en trois périodes temporelles. Pendant la première, octobre 1986 à avril 1987, les beaux as sont en vacances.
Les autres histoires sont écrites et placées dans le livre en bonne cohérence avec sa structure de base. Nous avons des choses très bien foutues, comme l'introduction avec Brennan (Seuls les morts connaissent Jokertown de Miller) qui nous met directement dans le bain ou La couleur d'un esprit de Leigh qui poursuit La couleur de la haine commencée dans Aces abroad. D'autres sont moins pêchues à l'instar de Mortalité où Williams répare l'Homme modulaire. Enfin, l'une d'entre elles est très spéciale. Très années quatre-vingt. Avec des chanteurs morts qui sortent de tombe, du sida et un concert de charité : Le second avènement de Buddy Holley de Bryant !
Si l'ensemble marche bien, Wild cards 5 n'est pas à l'abri de quelques défauts. Le plus important est un souci dans la clarté de la narration qui fait perdre trop facilement le fil de l'histoire au lecteur. Un second est récurrent à cette série dotée d'un casting épais comme le bottin de New York. C'est qui ce gars ? Il porte trois noms différents ! De la même manière que les livres du Trône de fer, un récapitulatif court des personnages (noms d'as/joker plus civil et la capacité ou le handicap) aiderait grandement.
Bref, un heureux retour à New York !