Les Chroniques de l'Imaginaire

Meurtre en écho (William Monk - 23) - Perry, Anne

William Monk, commandant de la brigade fluviale de Londres, est appelé dans un entrepôt du bord de la Tamise où un homme a été retrouvé mort. Il s'agit d'un Hongrois, victime d'un meurtre cruel et particulièrement singulier. Une baïonnette lui transperce le coeur, ses doigts ont été brisés, ses lèvres découpées et, plus effrayant encore, dix-sept bougies éteintes dans son sang entourent le cadavre.

Cette mise en scène macabre évoquant un rituel morbide fait penser à Monk que les mobiles de cette sauvagerie ne sont pas habituels et sont le fait d'un fou ou d'un homme habité par une haine terrible. Pour les policiers, l'enquête s'avère d'autant plus compliquée qu'elle touche la communauté hongroise installée à Londres et que personne de la brigade ne parle un mot de cette langue. Heureusement, Antal Dobokai, Hongrois installé depuis plusieurs années en Angleterre, va servir d'intermédiaire et d'interprète afin de leur permettre d'approcher et comprendre celle-ci, qui cherche tant bien que mal à s'intégrer.

Pour la police, la question est de savoir si ce meurtre vise un homme ou ce groupe d'étrangers ? Au cours de son enquête, Monk va se rendre compte d'une hostilité sourde des Anglais envers ces immigrés pourtant discrets, se manifestant par des reproches, des insultes ou des agressions physiques.

Une réponse commence peut-être à se dessiner lorsqu'une série de meurtres identiques se produit, visant uniquement les hommes de cette communauté qui par peur finit par se replier sur elle-même. Notre héros va devoir combattre la défiance mais aussi l'hostilité et les menaces de ceux qu'il est censé protéger.

A cette enquête difficile va s'ajouter le problème posé par un homme étrange, qu'Hester Monk a connu lorsqu'elle était infirmière pendant la guerre de Crimée, qui semble mêlé à cette affaire et qu'elle tente désespérément d'aider à vaincre ses démons.

Anne Perry, dans ce roman, aborde un sujet qui fait étrangement écho à l'actualité récente. Même s'il s'agit d'une histoire se passant dans la deuxième moitié du XIXème siècle, des similitudes sont inévitables et ce livre fera peut-être voir les choses différemment. L'auteur arrive à nous immerger au sein de ce quartier où se concentrent ces immigrés qui oscillent entre deux voies, s'intégrer complètement ou garder un lien avec leur pays d'origine.

On sent les hésitations des personnages, les tensions sont palpables et l'on partage les doutes de Monk lorsqu'il se demande si un Anglais est capable d'un tel meurtre juste par haine de l'autre.

Après la lecture de Marée funèbre, l'épisode suivant de ce tome, j'ai retrouvé avec plaisir les différents protagonistes de cette série et ainsi découvert de nouvelles facettes de leurs passés rendant leurs profils plus intéressants encore. Le mystère de cette histoire sordide, l'ambiance si particulière des quartiers du Londres de l'époque et les personnages énigmatiques font que l'on a envie de découvrir très rapidement le fin mot de l'histoire.

Même si je trouve le dénouement trop abrupt et un peu bâclé, ce ne sont pas ces deux dernières pages qui auront gâché mon plaisir de lire cet ouvrage.