Black Spring est une petite ville américaine d’aspect tranquille, entourée de charmants petits bois. Elle serait en réalité tout à fait ordinaire sans la sorcière y déambulant, les poings liés, la bouche et les yeux cousus.
Depuis trois cents ans, Katherine Van Wyler, exécutée pour sorcellerie aux premiers temps de la colonie, arpente les rues et apparaît occasionnellement dans la demeure de l’un des habitants. Les tentatives pour s’en débarrasser ou pour faire preuve de compassion à son égard se sont soldées par des désastres. De même, toute tentative pour quitter la ville après y avoir séjourné se solde par une sévère dépression voire par un suicide.
Les habitants se sont donc organisés pour ne pas partir en vacances plus d’une semaine, pour dissimuler l’existence de la sorcière au reste du monde et pour se tenir informés en temps réel de sa localisation. Les nouvelles technologies leur ont grandement simplifié la vie et leur permettent de mener une vie presque normale, au gré des alertes sur leur système de veille collectif.
Lors de leur installation à Black Spring, Steve et Jocelyn Grant étaient loin d’imaginer qu’ils condamneraient leurs fils à rester prisonniers de cette malédiction. Ils s’y sont pour partie résolus au cours des dix-huit années qui ont suivi mais, à l’approche de sa majorité, leur fils aîné Tyler supporte de moins de moins l’idée de ne jamais pouvoir faire sa vie trop loin de Black Spring. Il décide de braver les interdits et de monter une chaîne Youtube sur laquelle il va, avec ses amis, faire des expériences sur Katherine. Ces expériences, au départ inoffensives, vont vite avoir des conséquences inattendues et mettre en péril l’équilibre précaire dans lequel vit sa famille et la ville tout entière.
Je ne saurais que conseiller la lecture de cet ouvrage à tous les amateurs d’histoires horrifiques. Ce fut pour moi une grande claque et certains passages m’ont vraiment glacée alors que je suis plutôt une habituée de ce genre de lecture. Ici, l’horreur arrive par petites touches. La situation est au départ presque comique ou en tout cas inoffensive : une ville dans laquelle déambule cette sorcière, comme un animal de foire, que chaque habitant géolocalise sur son smartphone et tente de dissimuler par des procédés éhontés aux regards extérieurs.
On bascule ensuite vers des scènes de moins en moins amusantes. Et cette descente aux enfers n’en finit pas. On s’imagine qu’elle va s’arrêter et c’est bien ce qu’elle fait mais sur une apothéose qui laisse pantois et fait que l’on referme le livre, certes heureux de sa lecture, mais suffisamment rassasié en lecture horrifique pour un moment. Un conseil : n’allez pas vous coucher juste après l’avoir fini car pour ma part j’en ai réellement fait des cauchemars. Mais n’est-ce pas un peu ce que l’on recherche avec ce genre d’ouvrage ? En tout cas, vous serez prévenus !
Et si l’idée d’une tension grandissante ne vous a pas déjà séduit, sachez que Thomas Olde Heuvelt a aussi un réel talent pour rendre ses personnages crédibles, y compris les plus secondaires, et pour nous transporter dans une ville plus vraie que nature.
En résumé, un excellent opus, dont on tourne les pages sans s’en apercevoir !