Les Chroniques de l'Imaginaire

11 Septembre (Le Pouvoir des Innocents (Cycle 2 : Car l'enfer est ici) - 5) - Brunschwig, Luc & Hirn, Laurent

Nous sommes le 1er Mars 2001, à New-York, et ça y est : le procès le plus médiatisé de tous les temps démarre enfin. Un procès qui est celui de Joshua Logan, un homme qui aura eu les pires difficultés à survivre pour pouvoir être maintenant jugé. Un homme qui est défendu par un avocat noir et gay, maître Chapelle. Un homme qui est accusé d'avoir froidement éliminé 508 personnes exactement, dont le célèbre boxeur Steven Providence, l'enfant du pays, et ce pour nuire terriblement à Jessica Ruppert, celle qui est devenue la maire de New-York grâce, entre autres, au soutien de Providence...

On le sait, les choses ne se sont pas passées comme cela. Mais les jurés, eux, n'en savent rien. Eux qui ont été abreuvés, comme toute la population américaine, par les reportages télévisés, les commentaires des journalistes, qui ont jeté Logan en pâture aux fauves, sans même lui donner la moindre chance de s'expliquer. Non, vraiment, Chapelle n'aura pas une tâche facile, lui dont la défense de Logan va surtout consister à insuffler le doute dans la tête des jurés et de l'assistance...

Mais alors que ce procès a lieu, ce sont d'autres personnages qui continuent d'évoluer, en commençant par Coracci, qui apprend avec stupeur que Bulmer, sa petite amie depuis quelques temps, n'est pas encore majeure. De quoi l'emmener en prison en tant que violeur de mineur, une occasion rêvée pour Angelo Frazzy de se débarrasser de son ancien garde du corps. A moins que cette tentative n'échoue ?
Et puis, il y a les Whitaker, père et fils, qui tirent des ficelles politiques dans l'ombre. De quoi rappeler les présidents Bush père et fils. Des présidents qui auront vécu de bien sales moments, surtout le fils...

Je n'ai qu'un mot à dire à la lecture de ce dernier tome du cycle Car l'enfer est ici, second cycle de la série Le Pouvoir des Innocents : wahou... ! Quelle maîtrise dans ce récit. On savait Luc Brunschwig terriblement talentueux, et attaché à rendre ses personnages crédibles. En cela, le scénariste est bien sûr aidé par Laurent Hirn, son dessinateur fétiche et compère de longue date. Mais là, bon sang, on atteint des sommets dans ce qu'il est possible de faire avec le neuvième art !

Ce tome, comme les précédents (et quel que soit le cycle d'une série démarrée en... 1992...), se lit d'une traite, sans qu'il soit pensable de le lâcher en cours. La toile d'araignée vous capture d'emblée, et il est impossible de s'en défaire, jusqu'à une conclusion épique, juste doublement hallucinante. Les personnages, encore eux, sont d'une justesse affolante, et il me semble désormais urgent de faire de cette histoire un film, voire même une série. Il y a largement de quoi, au vu de la richesse d'un scénario tentaculaire.

Les dessins de Laurent Hirn sont de toute beauté, avec des cadrages audacieux, des gros plans qui mettent en évidence telle ou telle expression, tel silence, particulièrement important avant que Chapelle ne se mette à parler. Les couleurs sont à l'avenant, et pour la première fois les décors également, avec la participation de Annelise Sauvêtre, qui achève de parfaire de réalisme la plupart des cases rencontrées ici.

Non, vraiment, on ne peut que se régaler à lire et à relire l'ensemble des tomes de cette série, et il est absolument impensable de ne pas posséder un tel chef d’œuvre dans sa bibliothèque. Messieurs, chapeau bas, on tient là sans doute le coup de cœur de l'année, et vivement la suite du troisième cycle qui aura lieu près de dix années plus tard, entamé en 2011, toujours chez Futuropolis, avec Les enfants de Jessica !