Etienne Davodeau. Voilà un auteur qu'on ne présente plus, connu pour des livres qui sont souvent des tranches de vie émouvantes, de petites histoires qui racontent le quotidien de nombreux Français, des personnages simples, des non dits qui se cachent, et qui révèlent toute la beauté d'histoires comme Chute de vélo, Lulu femme nue, Les ignorants ou encore le magnifique Un homme est mort, paru chez Futuropolis.
C'est justement cet éditeur qui nous permet de découvrir d'autres histoires d'Etienne Davodeau. Des histoires plus courtes, trop courtes pour faire une série ou un one-shot comme ceux cités plus haut. Mais de petites histoires qui mettent encore en évidence ce sens de l'observation qu'a cet auteur pour les gens, souvent de parfaits inconnus qui prennent vie, qui se révèlent sous les coups de crayons de cet auteur.
Ce sera par exemple le cas pour ce patineur inconnu, que l'on retrouve sur la couverture de l'album, et qui prend plaisir, ou pas, à patiner devant une foule qu'il s'imagine subjuguée... Il n'empêche que les mouvements sont gracieux, les attitudes parfaitement retranscrites, même si on n'est clairement pas non plus en présence d'un patineur professionnel !
Et c'est justement là tout le talent de Davodeau : le sens de l'observation, teinté d'humour parfois, permettant souvent de faire ressortir le meilleur de ses personnages. L'auteur se confie là à Claude Gendrot, son éditeur depuis Chute de vélo, paru en 2004 dans la prestigieuse collection Aire Libre de Dupuis. Chaque nouvelle scène, qui peut aller d'une page (avec cet hommage à Franquin...) à une dizaine de pages, est précédée d'une conversation entre Etienne Davodeau et Claude Gendrot. Une scène de vie, qui a le mérite de parfaitement introduire ce qui suit.
Futuropolis a eu parfaitement raison de sortir de l'oubli ces planches qui, finalement, mises bout à bout, forment un recueil excellent, à mettre entre toutes les mains, et pas seulement celles qui connaissent déjà parfaitement la production de Davodeau.
Les dessins sont bien sûr inégaux, en fonction de l'époque où les planches sont nées. Certaines même auraient pu être changées, aux dires même de l'auteur. Mais il n'en est rien : tout le matériel présenté ici est original. Et tout le matériel fait encore parfaitement mouche, que ce soit sur des thèmes politiques, des thèmes comme l'immigration ou l'écologie.
Etienne Davodeau est un auteur qui rend ses personnages humains, même King-Kong en personne ! Ce n'est pas ce recueil de nouvelles qui nous fera dire le contraire...