Les Chroniques de l'Imaginaire

Animabilis - Murat, Thierry

Nous sommes en hiver 1872, dans le Nord du Yorkshire, un comté traditionnel d'Angleterre, situé au Nord du pays. Autant dire que les hivers y sont longs et rudes, bien éloignés de la chaleur londonienne. C'est un journaliste nommé Victor De Nelville qui arrive dans cette région, en provenance de Paris. L'homme est français, bien entendu ; il parvient à trouver un hôtel dans la lande de Fylingdales et est désireux de se mettre à écrire sur la région, ses habitants, et les phénomènes étranges qui s'y déroulent...

Car les rumeurs vont bon train dans la capitale parisienne. On raconte que les moutons meurent par dizaines dans ce comté, et on y parle de Padfoot, chien noir aux yeux rouges, presque un loup-garou, qui vient y semer la terreur. Bien entendu, l'étranger français, le Frenchman, est vite raillé par la population locale, qui n'y voit qu'un énième pisse-copie. On raconte à Victor qu'il n'est pas près de découvrir quoi que ce soit, dans ces landes.

Mais Victor De Nelville, qui est là pour un temps indéterminé, ne se décourage pas. D'ailleurs, il assiste à la découverte du corps du vieux Hodgkin, berger local qui était comme fou sur la fin de sa vie. Sans doute que l’Église, et le prêtre local, ne l'auront pas bien aidé sur la fin de sa vie... Et du côté de Victor, les choses se mettent à changer également, notamment avec la rencontre étrange de Mëy, une femme étrange qui vient quand on ne l'attend pas, et qu'on ne voit pas repartir...

Bientôt, les écrits sérieux et tortueux se transforment en poésie. Des poèmes acharnés qui rendent Victor fou, peut-être d'ailleurs fou d'amour pour Mëy, cette fille qui semble vivre au gré des saisons, et qui ne se rencontre qu'en pleine nature, à des moments qu'elle aura elle-même choisis...

Animabilis est le nouveau livre de Thierry Murat à paraître chez Futuropolis, comme cela avait déjà été le cas en 2014 avec Le vieil homme et la mer, d'Hemingway, ou en 2016 avec Etunwan. L'auteur signe ici une œuvre empreinte de poésie, parcourue de textes enlevés, intelligents et réfléchis, qui laissent la part belle aux images, aux dessins et aux couleurs, magnifiques, qui accompagnent les différentes saisons de l'hiver 1872 à l'hiver 1873.

Le livre est également empreint d'un onirisme palpable à chacune des planches. C'est beau, agréable, cela fait voyager le lecteur, si tant est qu'il est attiré par ce genre de voyage. Bien entendu, Animabilis n'est sans doute pas à mettre entre toutes les mains. C'est une œuvre qui se mérite, qui doit se parcourir lentement, en prenant le temps de s'imprégner des décors de ces rudes landes.

Un livre empreint de poésie et d'onirisme, qui n'est pas sans rappeler les autres productions de cet auteur, et qui sera parvenu à nous charmer, en ce début d'hiver...