1885. A vingt-sept ans, Portia Carmichael ne s'intéresse pas à la gent masculine. Quand elle était petite, sa sœur Regan et elle-même ont assisté aux violences des clients de leur mère, prostituée, et Portia en a gardé une crainte des hommes. Du coup, elle se concentre sur son travail de comptable - un vrai défi pour une femme, qui plus est noire, à cette époque - et compte bien ne jamais se marier, préférant se consacrer à ses projets professionnels.
Pourtant, au premier coup d’œil sur Kent, un cow-boy beau et viril qu'elle n'a pas revu depuis quinze ans, son cœur défaille. D'où lui vient cette envie de l'embrasser, ce trouble continuel en sa présence... ?
Un regard de braise fait suite à Le droit de t'aimer, de la même autrice. On y retrouve Rhine Fontaine et son épouse Eddy, bien installés et toujours heureux en ménage, mais cette fois l'intrigue est centrée sur leur nièce Portia, qu'ils ont élevée comme leur fille. Le roman peut tout à fait se lire indépendamment.
Le contexte historique est intéressant : le récit se déroule quelques années après la guerre de Sécession, au cœur de la communauté afro-américaine. L'esclavage a été aboli, mais la ségrégation est toujours d'actualité et les femmes militent activement pour obtenir le droit de vote. Beverly Jenkins prend plaisir à nous exposer la vie de cette époque dans le détail, ce qui rend le décor assez riche.
Malheureusement, la romance en elle-même est beaucoup plus creuse. Les deux tourtereaux ont quasiment le coup de foudre, et transforment leur attirance en relation sérieuse sans que cela ne pose de problème.
Certes, il y a des "méchants". Mais ils ne sont pas assez sérieux pour donner réellement un parfum d'aventure à l'affaire. Le méchant numéro un se met hors jeu lui-même sans intervention des gentils. Les méchants numéro deux et trois attendent le dernier chapitre pour se décider presque par hasard à une action d'éclat vite neutralisée. Les Indiens, dont la menace plane tout au long du livre, font une brève apparition pacifique. Bref, guère de tension dans cet ouvrage, de suspense.
C'est gentil, ça se lit bien grâce à un style fluide, mais c'est un peu plat et loin d'être un des meilleurs ouvrages de cette collection.