Les Chroniques de l'Imaginaire

Solaris (Solaris - 208)

Dans ce numéro figurent, pour mon plaisir, une majorité de textes qui re-visitent des tropes familiers de la Science-Fiction, mais les amateurs de fantastique y trouveront également leur bonheur.

Leçon d'histoire, de Frédéric Parrot : Quand il revient sur Terre 8773 années terrestres après son départ, Barron Vanks est aussi déçu par les Terriens qu'il les déçoit lui-même. Une nouvelle plaisamment satirique sur le thème du voyage dans l'espace-temps, à propos de laquelle je me suis demandé s'il fallait y voir aussi un clin d'oeil au roman de Spinrad (titre français Jack Barron et l'éternité).

Oeil de plastique, de Pierre Gévart : Quelle que soit la date dans l'histoire de l'humanité, la vie a toujours été, et reste, dure pour les couples mixtes. En l'occurrence, celui que forment l'incarnée Marthe et son mari construit. Une charmante histoire de robots, avec une interrogation pleine d'humour et de tendresse sur ce qui constitue l'humanité.

La Véritable Histoire du toaster spatial, de Francine Pelletier : On ne sait jamais tout de ses propres ascendants, certes. Mais certains, comme Grégoire, en savent encore moins que d'autres ! Impossible de résumer sans la déflorer cette histoire délirante et tendre, je m'abstiendrai donc, et vous devrez me croire sur parole si je vous dis que c'est un petit bijou du premier au dernier mot, avec un personnage de grand-mère indigne vue par son petit-fils tout à fait savoureux. Sans conteste le texte que j'ai préféré dans ce numéro de la revue.

Prochaine station, de Jonathan Brassard : Quand le narrateur commande un petit-déjeuner inhabituel, il n'a pas conscience que quelqu'un va le prendre pour une offrande, avec des conséquences imprévues, et imprévisibles pour tout le monde. C'est une histoire bien menée, au rythme excellent, avec une discrète touche de fantastique. Décidément, le métro inspire les auteurs de nouvelles, après celle de Dave Côté dans le numéro 206 ! Et de façons très diverses, ce qui bien sûr ajoute au plaisir.

Autour d'elle, de Célia Chalfoun : Lila est de plus en plus distraite, de plus en plus soucieuse de l'état de sa mère, et Guruji de plus en plus furieux, d'autant qu'elle se met à avoir ses propres idées à propos des Libellules. Une nouvelle sur le contact avec une espèce alien, qui s'établit grâce à la concentration et à l'intégration du corps et de l'esprit liées aux postures de yoga, ce qui est une idée fort originale.

Yi, d'Oskar Källner : Yi s'est installé sur la Lune, qu'il a totalement transformée, après que l'invasion de la Terre a échoué. Depuis, la guerre est sans merci entre ses forces et l'humanité. L'une de mes nouvelles préférées, pas extrêmement originale, mais très bien racontée, à la progression parfaitement maîtrisée. C'est une découverte de cet auteur, et cela me donne l'envie d'en lire davantage. Plus qu'à espérer que cette première traduction française soit suivie de nombreuses autres.

Mario Tessier consacre ses Carnets du Futurible aux échecs, plus précisément aux Echecs féeriques, et à leur rencontre avec les littératures de genre. Une fois n'est pas coutume, il explore également le polar, et même la littérature générale. Pas de façon exhaustive, évidemment, mais comme d'habitude il donne des pistes intéressantes à ceux qui veulent aller plus loin dans leurs explorations personnelles. Et tout ceux qui, comme moi, ont lu L'échiquier fabuleux, de Lewis Padgett, ne pourront que convenir avec Mario Tessier que la première phrase en est, en effet inoubliable !

Les critiques de livres ont renforcé mon envie de lire la trilogie Spire, de Laurent Genefort. Pour le reste, je m'avoue fort intriguée par les récentes publications aux Moutons électriques, et je vais m'empresser de m'y intéresser de plus près, notamment à Sherlock Holmes aux Enfers, de Nicolas Le Breton, qui a vraiment l'air prometteur.