L'Hexarcat est un système de castes rigide, dans lequel les Kel sont les guerriers pour qui mort et tortures ne sont rien, et des tacticiens, les Nirai sont des mathématiciens, les Shuos sont des joueurs et des analystes, ce qui en fait des stratèges, tandis que les Rahal sont chargés de la Doctrine, etc.
La capitaine Kel Cheris attire l'attention de l'Hexarque Shuos Mikodez, qui propose son nom à son confrère Nirai Kujen pour une mission très difficile : supprimer l'hérésie dans la Forteresse des Aiguilles Diffuses sans qu'il soit nécessaire de détruire la citadelle entière. La capitaine elle-même suggère de faire appel à Shuos Jedao, le général fou, en suspension dans le Berceau Noir depuis quatre siècles pour trahison, mais qui avant cela n'avait jamais perdu une bataille. C'est ainsi qu'elle se retrouve avec cette personnalité ancrée à la sienne, et propulsée au grade de général temporaire pour la durée de sa mission.
Je suis partagée quant à ce roman : d'un côté, je suis tentée de faire chorus avec les critiques qui en ont vanté la qualité, surtout pour un premier roman. D'un autre, j'ai été agacée par le fait qu'aucun détail, sachant que tous sont inusités et complexes, ne m'a paru clairement justifié, et frustrée parce qu'il appelle clairement une suite, sachant qu'il est le premier tome d'une trilogie. Comme aucun détail intrigant n'est clairement expliqué, j'ai eu la sensation de longueurs inutiles. Par exemple, je n'ai pas vu d'intérêt réel au personnage de Vahenz, dont les courriers m'ont semblé du coup prendre beaucoup de place. En règle générale, j'ai trouvé que les personnages auraient mérité d'être plus développés, mais sans doute le seront-ils dans les romans suivants.
Cela dit, c'est vraiment un univers extraordinaire, au sens littéral du terme : certes, on ne sait pas ce que recouvrent exactement les notions de "calendrier" ou "d'hérésie calendaire", ni en quoi les "formations" s'y articulent, mais leur simple existence donne une idée de la richesse d'invention de l'auteur. Il s'agit d'un mélange curieux de technologie, sous la forme de space opera militariste, et de poésie. Celle-ci se niche notamment dans les noms des choses, y compris les armes : par exemple, on ne sait pas ce qu'est une "bombe à charogne", mais les effets en sont visibles, et je ne me souviens pas avoir déjà rencontré ce type d'arme dans mes lectures.
En somme, un autre nom d'auteur à retenir, parmi la courte liste des "jeunes auteur-e-s" actuels qui renouvellent le genre, et une lecture intrigante, que je ne peux que vous recommander afin que vous vous fassiez votre propre opinion.