Les Chroniques de l'Imaginaire

L'Hôtel invisible (Les Entremondes - 1) - Easley, Sean

Cameron, douze ans, est un jeune garçon très anxieux. Sa sœur jumelle, Cassia, est atteinte d’une maladie incurable qui la cloue à un fauteuil et est susceptible de perdre sa vie à tout moment. Cameron a une peur bleue de ne pas être présent lors des crises de Cassia, de ne pas être là pour elle. Il a même élaboré une liste des Pires Façons de Mourir, qui ne cesse de s’enrichir. Ce n’est pas faute pour Cassia de l’envoyer sur les roses et de lui prouver qu’être malade ne veut pas dire être complètement incapable de prendre soin de soi-même.
Les deux enfants vivent avec leur grand-mère Oma depuis la mort de leur mère et la disparition de leur père. Ils conservent pour seuls souvenirs de leurs parents deux pièces étranges montées en pendentif, l’une qui avait appartenu à leur mère et que porte Cassia, l’autre qui avait appartenu à leur père et en possession de Cam.
Un soir, alors qu’il rentre du collège, Cam aperçoit un nouveau bâtiment étrange dont la porte mène sur un hall luxueux. Il ne tarde pas à réaliser que l’Hôtel invisible a des portes donnant sur différents points du monde et permet un voyage rapide d’un continent à un autre à tous les visiteurs qui arpentent ses corridors mystérieux. Plus étrange encore, Cam réalise avoir déjà rêvé de l’hôtel dans lequel le nom de ses parents n’est pas inconnu. Cam va devoir mettre ses angoisses de côté pour découvrir la vérité sur sa famille.

L’Hôtel invisible, premier tome de la série des Entremondes, est un ouvrage attachant. L’hôtel en lui-même nous reste largement mystérieux. Sean Easley décrit son fonctionnement, ses personnages phares sans toutefois lever le voile sur tous ses secrets. On pourrait ainsi déplorer de ne pas en apprendre plus sur cet édifice. Toutefois, cela laisse la part belle à l’imagination, ce qui n’est pas plus mal, et permet également de concentrer l’attention sur les protagonistes.

Cameron est un héros très particulier. Pas aventureux pour deux sous, il fait montre d’une loyauté exemplaire à l’égard de sa famille et de ses amis qui le pousse à se mettre malgré tout dans des situations dangereuses dans le but de les aider. Sa sincérité est désarmante, de même que sa crédulité car il ne va pas tarder à se faire manipuler et à prendre de mauvaises décisions en toute bonne foi.
On croise moins le personnage de sa sœur jumelle Cassia mais elle n’en reste pas moins dépeinte avec soin. Plus mature que son frère, elle peut être exaspérante comme seule peut l’être une sœur.
Les amis de Cameron, Nico et Rahki, sont également très intéressants à découvrir car ils possèdent une vraie personnalité, des motivations et un passé suffisamment étoffé pour qu’on les comprenne. Qu’ils ne puissent pas se supporter entre eux apporte une touche de comique bienvenue à un récit qui aborde somme toute des thématiques assez sombres.
La trahison, l’abandon, le deuil, la maladie sont autant de fils rouge dans le récit. Pourtant, Sean Easley parvient toujours à les décrire sous un jour positif et à en faire de véritables leçons de vie pour ses personnages. À ce titre, ce roman est bien plus l’histoire de l’entrée de Cameron dans l’adolescence que de l’hôtel en lui-même.

Sur une toute autre note, j'ai beaucoup apprécié la couverture réalisée par Frédéric Simon, qui retranscrit à la fois l'univers fantasque de l'hôtel et l'initiation de Cameron à ses dangers. On voyage dans d'autres mondes rien qu'en la regardant !

Avec plus de quatre cent pages, l’Hôtel invisible est un volume assez conséquent pour un ouvrage jeunesse. Pourtant, la succession de péripéties nous maintient en haleine et les pages se tournent presque toutes seules. Nul doute que les petits lecteurs apprécieront tous ces retournements de situation ! Les adultes pourraient en revanche être quelque peu surpris par le style d'écriture, très accessible et orienté vers un public de pré-adolescents.